Clotilde
Photo : courtoisie de Clotilde Margottin.

Clotilde Margottin: vaincre la dépression avec l’aide de Dieu… et de la psychiatrie 

« Je rends grâce à Dieu, car nous sommes une famille normale… » Cette simple louange cache une histoire de résilience et de foi. Son héroïne, Clotilde Margottin, Française, journaliste à la radio, mère de famille, catholique pratiquante, a lutté durant de nombreuses années avant de vaincre la dépression. Dans son ouvrage Se relever, toujours. Traverser la maladie de la honte à la lumière de la foi, elle raconte comment elle a réussi à en guérir avec l’aide de Dieu et des antidépresseurs.

« J’ai eu une enfance et un début de vie professionnelle assez faciles. Tout a été rose pour moi », révèle-t-elle. Rien ne la prédispose alors à vivre cette longue plongée vers l’enfer. D’autant plus qu’elle rencontre François-Xavier, avec qui elle se mariera quelques années plus tard. 

Clotilde

Cependant, ce beau tableau commence à craqueler à la naissance de son premier enfant. Elle est victime d’une erreur médicale lors de l’accouchement. Cette bévue provoque beaucoup de douleur et s’accompagne d’une dépression postpartum qui dure 6 mois. 

La mort

La vie se poursuit sans trop de heurts. La petite famille s’agrandit. François-Xavier trouve un travail à Genève et l’adaptation se réalise plutôt bien. Un troisième bébé vient ensoleiller la vie de Clotilde. Mais bientôt, des nuages assombrissent ce petit bonheur. 

« Je suis déçue par cette vie que je pensais avoir bien balisée en me mariant. La vie vécue est loin de l’idéal rêvé… Et je connais le doute et la lassitude »

Clotilde Margottin

C’est d’abord la mort du père de François-Xavier. Ensuite, c’est la santé du père de Clotilde qui se dégrade. Durant deux ans, son papa se bat contre la maladie. Et d’autres soucis s’ajoutent. 

« Je suis déçue par cette vie que je pensais avoir bien balisée en me mariant. La vie vécue est loin de l’idéal rêvé… Et je connais le doute et la lassitude », écrit-elle dans son livre. 

Puis, son père meurt. C’est un « séisme » pour Clotilde et pour ses proches. 

Face à ces drames, petits ou grands, elle avance et fait face au vent. La prière et l’eucharistie rythment la vie du couple. 

Vient un temps où elle n’en peut plus. Le corps lâche, la fatigue et la tristesse s’installent en permanence. Elle a de la difficulté à dormir et se sent de plus en plus dévalorisée. Ce sentiment s’accompagne d’une grande culpabilité. Clotilde n’arrive plus à accomplir les tâches quotidiennes.

Puis, l’impensable arrive : elle songe au suicide. C’était un 15 aout…

« J’étais très ébranlée de constater que ces idées-là puissent m’appartenir. Tout ce que j’avais reçu, tout cet héritage de la foi était d’un seul coup mis à mal par une pensée qui m’habitait et qui me donnait l’impression que c’était la solution à ce que je vivais. J’ai vu cette attirance comme une possible solution, la promesse qu’enfin la paix allait être retrouvée », explique-t-elle au Verbe.

Son état physique et mental se dégrade. Elle poursuit sa chute vertigineuse dans la dépression. 

Son entourage l’encourage à confier ses problèmes à Dieu, à prier davantage. D’autres lui suggèrent une retraite spirituelle. 

L’institut psychiatrique

Elle entend ces conseils, mais elle sait désormais que cela ne suffira pas. C’est ainsi qu’elle entre d’elle-même dans un institut psychiatrique. « C’était l’opération de la dernière chance », lance-t-elle.

Là-bas, elle est surprise par le climat paisible et la beauté des lieux. Le psychiatre lui conseille de ne rien faire, de se reposer. « Juste me détendre était difficile pour moi… », relate-t-elle. 

C’est dans cet espace isolé qu’elle se retrouve. Elle perçoit mieux la présence de Dieu dans sa vie. « Dieu n’a pas fait de miracles, mais une fois que j’ai décidé d’aller en clinique et une fois que j’ai compris que c’était le bon lieu, le lieu adéquat, j’ai eu des petits signes de Dieu dans ma vie », témoigne Clotilde. 

Aujourd’hui, avec le recul, Clotilde peut affirmer que le Christ a toujours été auprès d’elle dans ce drame. « Le Christ va beaucoup me porter certaines années. Finalement, il ne m’a jamais abandonnée. »

Lors de son séjour à l’institut psychiatrique, des membres de la famille et des amis viennent la visiter. « Mon mari était toujours là. Il était dans la fidélité, la persévérance. C’était ma force spirituelle ».

Justement, comment François-Xavier a-t-il vécu cette longue descente en enfer ? Pour toute réponse, Clotilde se lève et demande à son mari, exceptionnellement en télétravail, de se joindre à nous. C’est donc lui qui me répond. 

« Cela a été très difficile. Je vivais beaucoup de colère. J’ai vécu des moments très compliqués avec l’envie de quitter le navire ou, en tout cas, de demander à Clothilde de faire ses valises et d’arrêter le massacre », me confie-t-il.

Toutefois, il est accompagné par des prêtres et des amis croyants. Il fait des retraites. 

Le retour à la maison, après une très longue période à l’institut, se fait plutôt bien. « J’ai vraiment accueilli Clothilde comme une épouse. Elle était là avec nous. Elle me retrouvait. Elle avait eu le courage, que j’admire, d’aller se faire soigner. »

Les grâces

Après toutes ces épreuves, le couple s’envole vers la Terre sainte. Là, ils reçoivent des grâces. 

Mais les grâces étaient aussi présentes lors de la lente agonie mentale de Clotilde. « J’ai eu la grâce de la fidélité, de m’accrocher coute que coute. Nous avons reçu de très beaux cadeaux. » 

Un jour, lors d’une retraite, un prêtre leur fait renouveler leur sacrement de mariage. « Nous traversions un désert à ce moment-là. Ce prêtre nous a fait un bien fou en nous parlant du mariage. Nous nous sommes accrochés », se souvient Clotilde. 

François-Xavier se rappelle également de très belles méditations autour du psaume 129 (Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur). Il se découvre aussi une très grande proximité avec le Christ souffrant et abandonné avant la crucifixion.     

Pour lui, son couple n’a rien fait d’extraordinaire. « Nous sommes simplement un couple qui a traversé quelque chose et qui donne de l’espérance à ceux qui sont dans la fosse. »

Pour sa part, Clotilde veut passer un ultime message : « Oui, cela peut être très dur. Mais cela vaut le coup de tenir. »

Aujourd’hui, Clotilde est accompagnatrice en sortie de crise personnelle à la suite de la guérison de sa dépression. 

Et elle rend grâce à Dieu d’avoir une famille normale…

Se relever toujours, Clotilde Margottin, Éditions Artège, 2021, 248 p.

Yves Casgrain

Yves est un missionnaire dans l’âme, spécialiste de renom des sectes et de leurs effets. Journaliste depuis plus de vingt-cinq ans, il aime entrer en dialogue avec les athées, les indifférents et ceux qui adhèrent à une foi différente de la sienne.