Vague de dénonciations : avons-nous éduqué ?

Ça fait quelques nuits que mon sommeil est troublé.

Je repense aux nombreux témoignages publiés quotidiennement sur les réseaux sociaux depuis plus d’une semaine. Je me dis que, finalement, les quelques expériences désagréables ou embarrassantes que j’ai vécues avec des hommes n’étaient pas si pires. « J’ai d’la chance », au fond. 

Et ça me démange d’écrire sur le sujet. J’ai hésité longtemps, par contre. Parce que je ne suis pas sociologue, ni sexologue, ni criminaliste. Je n’ai pas étudié la théologie du corps non plus. Je n’ai sincèrement, pour me donner un peu de crédibilité, que ma condition de femme et d’épouse de 28 ans. 

J’ai aussi, accessoirement, quatre jeunes garçons. 

Aussi, avec mes responsabilités de mère dans la tête et le cœur, ma réflexion ne s’attarde-t-elle pas à l’aspect judiciaire de l’affaire ou même à la question des médias sociaux qui font désormais office de tribunaux publics. Mon opinion à cet égard ne vous serait de toute façon d’aucun intérêt. 

Il faut se pencher sur l’origine des scandales qui secouent ces temps-ci notre petit Québec. Et ça se trouve, d’après moi, dans l’éducation à l’Amour. Ou dans son absence. 

En fait, j’ai l’impression qu’on regarde le problème dans le mauvais sens, qu’on ne se pose pas les bonnes questions. On s’arrête à l’action déjà posée, à ses conséquences pour l’une et l’autre des parties impliquées, à la meilleure manière de dénoncer, à la pertinence de se faire justice. Mais on ne s’attarde alors qu’aux symptômes.

De la vague dénonciations à la véritable éducation

Ce sont des questions légitimes, mais je pense que ce ne sont pas les plus importantes. 

Il faut se pencher sur l’origine des scandales qui secouent ces temps-ci notre petit Québec. Et ça se trouve, d’après moi, dans l’éducation à l’Amour. Ou dans son absence. 

Parce qu’on aura beau enseigner aux jeunes à mettre des condoms, à s’assurer du consentement de leur partenaire, à bien distinguer les différents organes génitaux, s’il n’y a pas l’amour, tout cela ne sert à rien… 

Aussi cheesy que ça puisse sonner.

En effet, bien que l’amour relève foncièrement de l’intime et du personnel, il serait faux de croire que notre conception de l’amour n’est pas formée à partir de modèles extérieurs à nous-mêmes. La galanterie, le machisme, l’utilitarisme, le romantisme ; notre façon de voir ces concepts est culturelle. Même nos passions se nourrissent des conventions sociales auxquelles nous avons été exposés. D’où l’importance d’en discuter ensemble. D’où la nécessité de ne pas faire l’économie d’une réflexion plus profonde, et de ne pas reléguer cela d’office dans la sphère privée. 

On apprend à aimer. 

Cependant, je ne parle pas ici d’amour sentimental, de romantisme et de souper aux chandelles. Je parle de l’amour qui saigne, de l’amour qui donne sans compter, de l’amour qui s’oublie, de l’amour qui meurt pour l’autre. « De l’amour rouge sang, pas rose nanane », pour paraphraser ma belle-mère.

Cet amour-là, il ne veut pas « juste fourrer », te taponner ou être indécent. Il ne se contente pas de son propre plaisir, mais s’assure avant tout du bienêtre de l’autre. Cet amour-là, il ne call rien dans les bars, il ne trompe pas, n’abuse pas de toi quand tu as trop bu.  

Et même en étant le mieux intentionné, le plus lover, le moins déplacé, macho ou grivois, sans cet amour-là, on ne fait réellement que blesser l’autre. Et soi-même. 

Je crois fermement qu’elle réside là, la solution, pour les générations futures. 

Il faudra insister plus que jamais pour que nos enfants, garçons et filles, apprennent que la sexualité la mieux vécue, la plus gratifiante et satisfaisante est celle vécue dans l’amour et le don total de soi

Parce qu’elle se transforme alors d’une arme destructrice en baume salutaire.

Et je me dis qu’on a un sacré beau contrat, mon mari et moi, d’éduquer nos enfants du mieux qu’on peut pour que le respect, l’amour et la bonté soient plus forts en eux que leurs pulsions les plus obscures, que ce qu’ils verront surement tôt ou tard sur Internet ou que ce que, dans quelques années, leurs potes leur raconteront de leurs propres trips. Et même parfois, plus forts que ce qu’ils auront appris à l’école.

Je veux que mes garçons sachent qu’ils peuvent attendre avant de se donner. Je veux leur dire que la sexualité, ce n’est pas une question de quantité, mais de qualité. Que la femme que Dieu leur choisira, elle aura encore plus de valeur pour eux s’ils l’ont attendue patiemment. Qu’elle se sentira encore plus aimée sans la pression de la comparaison. Je veux qu’ils comprennent que la performance a un prix et que l’apprentissage de l’amour se fait à deux.


Florence Malenfant

Détentrice d'un baccalauréat en histoire de l'art à l'université Laval et d'un certificat en révision linguistique, Florence a une affection particulière pour le bouillon de poulet et un faible pour la littérature russe!