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Unplanned: surtout si vous n’êtes pas d’accord

Je suis allé voir Unplanned samedi dernier. J’y suis allé pour ne pas parler à travers mon chapeau, comme plusieurs de ces personnes qui ont cosigné cette lettre sans nécessairement l’avoir vu.

Le film, on s’entend, n’est pas un chef-d’œuvre cinématographique. Il est quand même assez bon, à tout le moins intense. Et c’est d’ailleurs ce qui fait sans doute peur à certains, car il réussit à émouvoir et convaincre.

Unplanned raconte une histoire vraie.

On peut être en désaccord avec les choix de vie d’Abby Johnson, mais on ne peut quand même pas nier son parcours que le long métrage raconte fidèlement.

Censure et progrès démocratique

Le plus grand intérêt de ce film n’est cependant pas la vie d’Abby ni le débat sur l’avortement, mais la censure que l’on veut lui faire subir.

La liberté d’expression est une condition sine qua non de la démocratie. Et surtout la liberté d’expression des opinions avec lesquels je suis en désaccord!

Si l’avortement est légal aujourd’hui, c’est d’ailleurs parce qu’un débat sur le sujet a été permis à l’époque où il ne l’était pas. Empêcher l’expression des idées est, au contraire, le meilleur moyen de faire stagner une société.

Or, au sujet de l’avortement, on est encore aujourd’hui loin de l’unanimité: au Canada, une proportion non négligeable de la population souhaite rouvrir le débat.

« Fuck la liberté d’expression »

Un ami m’a dit avoir vu cette année plusieurs affiches dans une grande université québécoise avec le slogan « Fuck la liberté d’expression ». Et ce n’était pas de l’art contemporain !

Ça, c’est le plus dangereux à mes yeux.

Quand ceux qui se croient les champions du progrès deviennent les plus intolérants, les plus fermés à la diversité, alors il y a de quoi s’inquiéter.

Quand ceux qui se croient les champions du progrès deviennent les plus intolérants, les plus fermés à la diversité, alors il y a de quoi s’inquiéter. La planification des opinions de masses et la répression des idées minoritaires sont le propre des régimes totalitaires.

Que diriez-vous si vos opposants ne cherchaient jamais à comprendre votre point de vue? S’ils refusaient même de vous écouter, pire de vous laisser parler à d’autres qui veulent vous entendre?

La tolérance et l’ouverture d’esprit ne sont que des mots creux s’ils se limitent à ceux qui pensent et vivent comme nous.

S’exposer à la différence

Ce que j’aimerais, c’est au contraire un monde où chacun aurait le courage de sortir de sa zone de confort et de s’exposer à un point de vue différent du sien.

J’aimerais d’abord que tous les pro-vie osent regarder 4 mois, 3 semaines, 2 jours, ce film qui a gagné la Palme d’or en 2007 à Cannes et qui fait explicitement la promotion de l’avortement. De même, que tous les pro-choix soient assez ouverts d’esprit pour aller voir Unplanned et se fassent leur propre idée.

J’aimerais ensuite que nous arrivions à en discuter intelligemment et paisiblement, sans diaboliser ni déguiser en homme de paille celui qui pense différemment. Discuter par exemple comme Michelle Goldberg et Ross Douthat arrivent à le faire dans The Argument, cet excellent podcast du New York Time.

Ce que j’aimerais au fond, c’est que nos opinions soient non planifiées.


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Simon Lessard

Simon aime entrer en dialogue avec les chercheurs de vérité et tirer de la culture occidentale du neuf et de l’ancien afin d’interpréter les signes de notre temps. Responsable des partenariats pour le Verbe médias, il est diplômé en philosophie et théologie.