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Tricotés serrés contre l’anxiété

Selon nos psychiatres, le taux de détresse psychologique des jeunes est en hausse constante. L’anxiété est en voie de devenir la maladie du nouveau millénaire. Un millénaire marqué par l’incertitude et la peur. Il y a urgence à couper le filet de l’indépendance et tresser la corde de l’interdépendance.

Êtes-vous anxieux ?

Moi oui. Et il semble que je ne sois pas tout seul.

Le mois dernier, l’Association des médecins psychiatres du Québec s’est dite très inquiète (lol!) pour la santé mentale des jeunes de la génération Alpha. La génération Alpha vous connaissez ? Ce sont nos enfants nés depuis 2010 et dont l’existence est marquée au quotidien par les écrans.

La maladie du nouveau millénaire

Selon nos psychiatres, le taux de détresse psychologique des jeunes atteint maintenant les 37 % et est en hausse constante. En fait, les troubles anxieux ont doublé en six ans au sein de la jeunesse québécoise. Soit de 8,6 % à 17,1 % entre 2001 et 2017 selon l’Institut de la statistique du Québec.

Cet été, le comédien Patrice Coquereau a parcouru 570 km sur la route 132 pour sensibiliser la population concernant l’anxiété.

Le mois dernier, c’était au tour du député Harold LeBel d’emboiter le pas en déposant une motion de sensibilisation à l’Assemblée nationale. Adoptée à l’unanimité, elle demandait de bonifier les ressources en santé mentale pour rendre les traitements des troubles anxieux accessibles à tous.

Bref, l’anxiété est en voie de devenir la maladie du nouveau millénaire. Un millénaire marqué par l’incertitude et la peur. Un millénaire en or pour les vendeurs d’assurances !

Écoutez la chronique de Simon sur l’anxiété à On n’est pas du monde.

Et pourtant, on n’a jamais été aussi capable de prévoir une foule de choses grâce aux avancés de la science. On n’a jamais été aussi riche, confortable et protégé.

Pour la très vaste majorité d’entre nous, nous n’avons même jamais manqué du nécessaire, d’un toit ou d’un bon repas.

Pourquoi diable alors avons-nous si peur ?

Libre et tremblant

Si on n’a jamais été aussi bien entouré par nos policiers, pompiers, médecins, avocats (quoique plusieurs se sentent plus agressés que protégés par eux), on est néanmoins en manque cruel de l’assurance qui nous vient de notre famille et de nos amis.

Il ne reste plus que le filet social pour freiner notre chute dans le vide. Or, nul n’est une ile. L’homme est un animal social, un être de relation, et c’est sa famille et sa communauté qui lui procurent le sentiment de sécurité, beaucoup plus que l’État lointain et impersonnel.

On pensait avoir coupé nos chaines et on s’est rendu compte qu’on avait plutôt coupé les fils de notre parachute. Du coup, la chute est très libre.

Urbanisation, union libre, divorce, écrans, argent. Paradoxalement, ce que nous avons gagné en liberté nous l’avons perdu en sécurité.

Bref, nous avons peur, car nous sommes seuls. Plus libres peut-être, mais plus seuls. Libres comme un enfant perdu dans le bois ou au centre d’achat. Libres d’une liberté qui nous fait trembler.

Se tricoter serré

On souhaitait couper nos chaines et on a plutôt sectionné les fils de notre parachute. Du coup, la chute est très libre.

Plus on s’agite, plus on s’enfonce dans les sables mouvants. Autonome, sans parents ni enfants, sans maison ni religion, on peut voyager à sa guise, mais on n’a personne avec qui rire et pleurer.

L’individualisme croissant nous enlise dans une solitude angoissante.

Du lien. De l’engagement. Voilà notre carence.

On pensait qu’indépendance rimait avec assurance, mais on découvre plutôt une assonance avec épouvante. Il y a urgence à ciseler le filet de l’indépendance et à tresser la corde de l’interdépendance. Renouer avec papa, maman, frérot, sœurette, amigos et tante Ginette. S’enrôler et non se dérober, s’engager au lieu de s’excuser, se marier et pas juste s’accoter.

Comme pour les alpinistes, s’encorder est pour nous une question de survie. Car on ne tombe jamais tous en même temps.

On a détricoté le Québec de l’Église, mais on a oublié que foi (fides) venait de confiance et religion (religare) de relier. Se re-lier, se lier de nouveau les uns aux autres, il n’y a pas plus salutaire, surtout quand winter is coming !

Bref, pour ne pas avoir peur de l’hiver du nouveau millénaire, va falloir se tricoter serré. Parce que comme disaient nos grands-mères : Quand y fait frette, on se colle !

Pour aller plus loin : Ressources pour vaincre l’anxiété


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Simon Lessard

Simon aime entrer en dialogue avec les chercheurs de vérité et tirer de la culture occidentale du neuf et de l’ancien afin d’interpréter les signes de notre temps. Responsable des partenariats pour le Verbe médias, il est diplômé en philosophie et théologie.