On est toujours l’intégriste de quelqu’un

D’après le toujours très élégant Patrick Lagacé, les évêques catholiques – et ceux qui les supportent – sont des intégristes. Et le pape est un homophobe. Et pour lui, défendre une vie humaine innocente a quelque chose de moyenâgeux.

D’habitude, quand j’ai envie de me taper une caricature de critique de l’Église catholique, je lis un bon texte de Lagacé. Ce matin, j’ai été servi.

Florilège de lieux communs et radotage d’approximations, ce texte démontre que l’auteur ne comprend rien à ce qu’il critique. Un peu comme si je m’improvisais chroniqueur gastronomique spécialisé en mets népalais.

Et un peu comme si mon plus pertinent commentaire, comme critique culinaire, était : « C’était dégueulasse. D’ailleurs, ça manquait gravement de ketchup, ce plat! »

L’intégrisme moderne

Lorsque Lagacé accuse le pape et les évêques québécois d’intégrisme, il oublie de se demander d’où il parle.

Il monte sur la chaire de la cathédrale médiatique québécoise, La Presse +, et il déverse sur (ou dans) la tête de ses ouailles un sermon de principes et de valeurs qui reprennent intégralement le projet postmoderne hyperindividualiste. Ça pourrait se résumer ainsi: la morale est une affaire strictement subjective.

Nos évêques sont, au final, bien plus démocrates que la plupart de nos excellents chroniqueurs montréalais. Ils sont parmi les seuls qui ont le courage d’en appeler à un sain débat public.

Et malheur à celui qui oserait remettre en question ces beaux principes qui assurent à nos sociétés des jours de paix et d’harmonie.

L’Église n’est pas parfaite. Elle mérite d’être critiquée sur plusieurs points. En commençant par le pécheur que je suis.

Mais, de grâce, s’il vous démange de taper sur l’Église, monsieur Lagacé, faites preuve d’un peu plus de rigueur dans la bastonnade et servez-nous de vrais arguments!

Évêques démocrates

Nos évêques sont, au final, bien plus démocrates que la plupart de nos excellents chroniqueurs montréalais. Ils sont parmi les seuls qui ont le courage d’en appeler à un sain débat public sur les questions graves qui concernent les droits des plus vulnérables de nos sociétés dites « évoluées ».

On est une des seules démocraties au monde à ne pas légiférer sur le sort des enfants à naitre.

Concernant les remarques socioéconomiques de Mgr Lacroix, notons qu’il n’a pas tracé un lien de causalité direct. Il a très justement souligné le danger de la pratique de l’euthanasie dans un contexte de pressions démographiques croissantes sur un système de santé déjà fragile.

Du coup, les évêques nous rappellent qu’en démocratie, se cacher derrière un pseudoconsensus a quelque chose de louche. De dire qu’un débat est clos (avortement, euthanasie) sent drôlement le dogme idéologique.

La soutane de Patrick Lagacé, lorsqu’il s’en prend aux « ensoutannés », n’est pas visible. Il n’est pas moins, pour autant, un très bon curé.


Antoine Malenfant

Animateur de l’émission On n’est pas du monde et directeur des contenus, Antoine Malenfant est au Verbe médias depuis 2013. Diplômé en sociologie et en langues modernes, il carbure aux rencontres fortuites, aux affrontements idéologiques et aux récits bien ficelés.