D’un côté, le repli. Peur d’avoir peur d’un terrifiant terroriste qui frapperait à la porte. D’un autre, de naïfs amis de Jésus qui ouvrent les vannes sans discernement et accueillent ceux qui causeront la perte de notre civilisation.
Pas de nuances. Pas de zones grises. Le monde, vu dans ce monocle de mononcle manichéen, c’est pas trop compliqué : t’es avec nous ou t’es contre nous. Et puisque le pape semble prendre parti pour ceux qui sont contre nous, il doit être contre nous, lui aussi… le malcommode.
Ce soupçon, on l’entend malheureusement depuis quelque jour.
On a un devoir de protéger nos familles, bien sûr. Alors pourquoi risquer d’ébranler encore plus notre Occident qui se cherche déjà pas mal?
Et si, de fait, l’accueil d’une famille de Syriens dans ma paroisse se transformait en bain de sang perpétré par des infiltrés de l’État islamique parmi les réfugiés?
Et si le pape se gourait, diront ceux qui font primer la prudence sur la charité?
Et si, de fait, l’accueil d’une famille de Syriens dans ma paroisse se transformait en bain de sang perpétré par des infiltrés de l’État islamique parmi les réfugiés?
Et si la Conférence des évêques catholiques du Canada se plantait solidement en faisant cet appel à l’action et à la prière?
Et si leurs positions – dangereusement innocentes et manipulées par les bons sentiments véhiculés dans les grands médias maçonniques, selon plusieurs catholiques – nous mettaient dans le pétrin?
Et si la planète entière était aveuglée sur ce grand complot… sauf moi!
L’ouverture à la vie
Être « ouvert à la vie », c’est une expression très populaire chez les catholiques qui adhèrent pleinement à l’enseignement de l’Église en matière de procréation, entre autres. Mais pas exclusivement en matière de procréation.
La foi, l’espérance et la charité, mises en application, nous poussent à accueillir l’enfant importun.
Accueillir un enfant qui n’arrive pas au bon moment, ou pas avec le bon nombre de chromosomes, alors que celui-ci risque de nous arracher à la vie confortable que nous nous étions construite, ça ne va pas de soi. Craintes, peur de l’inconnu, angoisses accompagnent souvent un tel évènement.
La foi, l’espérance et la charité, mises en application, nous poussent toutefois à accueillir l’enfant importun.
L’étranger qui souhaite échapper à une mort certaine ou à une très probable persécution est, lui aussi, cet « autre » qui dérange.
Soumettre la raison?
Être catholique, pour moi, ce n’est pas arrêter de réfléchir lorsque ma Mère l’Église me donne un conseil ou un encouragement. Ce n’est pas non plus d’être papiste au point de vouer un culte à François plutôt qu’à Dieu.
Mais c’est accepter de remettre en question mes aprioris et mes désirs de tranquillité – aussi légitimes soient-ils. C’est aussi de soumettre ma raison, et les formidables justifications qu’elle produit, à l’exercice difficile de la foi et de l’obéissance. Soumettre la raison à la folie de l’amour chrétien, c’est-à-dire aimer celui qui risque, peu ou prou, de m’enlever la vie.
By-the-way, je n’ai jamais été déçu en écoutant ce que cette Mère de Miséricorde me demandait. Jamais.