La nouvelle qui a surpris la planète culturelle cet automne, c’est assurément l’annonce de la réconciliation des frères ennemis du groupe Oasis. Toujours friand de chicanes de famille, ça m’a inspiré ceci.
Tous ceux qui vivent sous une roche ont peut-être manqué la saga qui a animé tous les tabloïdes anglais dans les 30 dernières années. Et là, je ne parle pas de la querelle entre Harry et William, les deux princes héritiers de la Couronne britannique. Ne-non!
Alors, de quel conflit intrafamilial est-il question ici? Je parle bien sûr de la gué-guerre qui a opposé les frères Liam et Noel Gallagher du groupe Oasis.
(C’est important d’y aller avec les faits, on dit UNE oasis — mettez-ça dans votre pipe tout le monde — et non UN oasis. C’est une erreur assez commune en français, mais ce n’est pas le sujet de ma chronique.)
Ils se sont tellement engueulés par médias interposés qu’ils ont failli changer de nom pour s’appeler « La chicane », mais c’était déjà pris.
Rappelons les faits avant d’aller plus loin.
Le 27 aout dernier, 15 ans jour pour jour après s’être séparés lors d’un concert à Paris (la rumeur raconte qu’ils se sont battus à coups de tambourine), et 30 ans jour pour jour après avoir sorti leur premier album Definitely Maybe, les deux enfants terribles de Manchester ont fait l’annonce de leur réconciliation ET de leur retour sur scène, prévu pour l’été 2025.
Si les frères Gallagher peuvent se réconcilier, tout le monde peut se réconcilier. Il n’y a plus d’excuses.
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Cela dit, les Anglais se pensent peut-être ben smart, mais ils n’ont rien inventé en matière d’engueulades fraternelles.
Si on recule dans l’histoire pour remonter jusqu’aux tout premiers frères de l’humanité – deux gars nommés Caïn et Abel – leur chicane a été brève et intense. Pour résumer, ça s’est terminé quand Caïn, à court d’argument, à sorti ses gros bras, rangé son p’tit cœur et sa cervelle dans un tiroir, et s’est rué sur son pauvre frère Abel pour lui éclater la sienne.
Pas besoin de vous dire que ça me rappelle des souvenirs d’enfance très difficiles…
Un peu plus tard – là, je saute des bons bouts, mais faut pas penser qu’il ne s’est rien passé pendant des siècles en matière de chicanes fraternelles – un peu plus tard, donc, Ésaü a cédé son droit d’ainesse à son cadet, Jacob-dit-le-fourbe, contre une platée de lentilles. Personnellement, je trouve qu’il s’est fait arnaquer, mais qui suis-je pour juger?
Il y a eu aussi Joseph qui a été vendu par ses frères. Ça, il faut en convenir pour les gens qui nous écoutent à la maison : ça ne se fait pas. Tu as beau être en colère contre ton frère, ce n’est pas une raison pour le pousser dans un puits et le vendre ensuite à la première caravane de marchands d’esclaves qui passe par là.
Clairement, ça ne prend pas un baccalauréat en théologie à l’université Laval pour comprendre que, dans le grand plan de Dieu, il veut qu’on devienne tous des frères et sœurs. Ça implique qu’on se côtoie assez pour se connaitre les uns les autres; qu’on se connaisse assez pour s’aimer; qu’on s’aime assez pour savoir ce qui fait souffrir l’autre; qu’on soit assez bêtes pour se servir de cette information pour appuyer sur les bons bobos du frère ou de la sœur en question.
Dieu merci, l’histoire des conflits fratricides ne s’arrête pas là. Jésus, le Fils de Dieu lui-même, est venu sur Terre. Apparemment, il n’avait pas de frères ni de sœurs, probablement pour mieux devenir le frère de tout le monde, et pour nous dire d’aimer nos ennemis, spécialement si c’est « le prochain », c’est-à-dire, bien souvent, nos frères et sœurs. Mais il n’est pas juste venu pour nous le dire, il est venu pour le faire.
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[ATTENTION, ALERTE À LA FINALE QUÉTAINE!]
Comme le dit un proverbe trouvé dans un biscuit chinois, la fraternité est comme un immense désert de haine et d’incompréhension ponctué de quelques oasis d’amour et de pardon.