Photo: Bureaux de Facebook à Menlo Park, Californie (Wikimedia - CC).
Photo: Bureaux de Facebook à Menlo Park, Californie (Wikimedia - CC).

Un cri dans la caverne. Mais où est donc l’interrupteur?

Notre collaborateur Sébastien Gendron slamme, médite et poétise sur l’Église et le monde. Un texte à lire à voix haute, sans gêne aucune.

Ce monde fractionne ma personne entre les rengaines du mal privé et le malmenage du bien commun; on durcit les borderline de mon identité nationale tout en vidant de son essence la culture d’un new world order; on isole les démunis dans leur crasse, mais que voyage le touriste et le banquier par qui transige le cash. Le libéralisme nouveau rend cyniques et pourtant dévots à l’oligarchisme politique; mais rassurons-nous, les Jedis de Lucas défendent la démocratie impériale à coup d’effets spéciaux.

En pleurer, en rire ou en rire aux larmes?

Entre le mysticisme de Wall Disney et la polémique d’Hollywood, du berceau à la chaise berçante, je cherche à distinguer ce que leurs fictions mélangent: plaire ou aimer; mériter ou reconnaitre, posséder ou vaincre ce qui nous possède, poursuivre sans fin l’inatteignable ou jouir simplement de ce qui nous est offert?

Immatriculé, Je me souviens de mon numéro; mais qu’importe, c’est la marque de mon char qui fait de moi un homme ou un zéro. Parechoc à parechoc, seul en mon habitacle et sans amigo, mon ego ne cède facilement sa place, ni mon cul au confort qui encrasse les routes déconfites par la corruption des services publics; y aurait-il un nid de poule dans ma conscience politique? La dump, l’ozone et les glaces militent; mais qu’importe aux lobbyistes qui n’ont pas plus de trente ans à vivre.

Des nouvelles qui n’ont rien de nouveau, écrites par des marionnettes à fil pixélisent un monde qu’ils nous induisent d’accomplir, internalisant l’indifférence au cri du monde par plus de bruits et de distractions; tant d’informations confond le verbe entendre et l’acte de réflexion.

Pourquoi tuer des zombies me donne l’impression d’être vivant, quand je reste pétrifié devant la platitude d’un écran? Parce qu’en régnant virtuellement sur des monstres imaginaires, j’oublie l’impuissance de ma voix face aux mensonges parlementaires. Mieux vaut dormir et être un mort vivant, que la conscience de vivre en étant mort en dedans.

Et la spiritualité?

Si tout va tant de travers, pourquoi ne pas simplement boire de la bière devant le Bowl d’Or Super? Tom Brady vaut bien Harry Potter! Du pain, des jeux… et un selfie s’il-vous-plait! Car moi, Monsieur, je suis de ceux qui mangent et jouent, ou regarde jouer plutôt; je ne suis pas de ces Book émissaires qui n’ont pas de Face chromées sinon qu’au marketing de l’aide humanitaire.

Et la foi postmoderne dans le Bienêtre? « La santé, c’est tout ce qui compte », me dit mon pharmacien! N’est-il pas mon ami d’ailleurs, lui qui gèle mon inconfort et s’assure que je sois le maillon de la croissance sans fin? Aux uns les pilules, aux autres les cigares, la nature suit son cours de la sélection bourgeoise.

Et le Nouvel Âge? Spiritualisons le matérialisme de la recherche de soi en sublimant la possession du consommable en se consumant en possessions diverses; unissons-nous transcosmiquement et faisons l’économie de la niaiserie de l’autre… le reflet que j’y cherche est si près de mon clone.

La sorcellerie? Ça n’existe même pas. Rien n’est plus invisible que ce qui est partout… tout comme Dieu d’ailleurs. Cédons le terrain laissé vacant pour un despotisme nouveau, plus subtil et coquet; il n’y a rien comme de flageller à coup de caresses pour rendre docile la bête empêtrée dans sa laisse.

Qu’est-ce que l’humanité ? Un animal social pour le penseur borné, le computer sophistiqué du geek transhumain et le guignol des manias de Silicon Valley.

Qu’est-ce que l’humanité d’ailleurs, pour les détracteurs des repères de notre civilisation ? Un parasite nuisible pour l’écolo psycho, un animal social pour le penseur borné, le computer sophistiqué du geek transhumain et le guignol des manias de Silicon Valley.

Abat l’humaine nature et la Nature elle-même; mon corps d’homme n’en est plus un, c’est une morphologie qui scie bien à mon choix de ne pas être une femme. J’aime ma femme… mais je n’aime pas une femme, j’aime l’homme qu’elle n’a pas désiré être.

L’homme est un produit améliorable; quoique d’une humanité 1.0.; nos prochains enfants seront pimpés in vitro. Pour ceux qui trop vite s’en viennent, tant pis! Quelques nano techno en compenseront les défauts; mais seront-ils parmi les privilégiés… ou de ceux qu’on préfère stériliser?

Et la foi chrétienne?

Je passerais bien mon tour, si c’est pour entendre qu’Amour est quelque chose qui se vit plus qu’il ne se ressent; que mon Moi n’est pas mon tout et que le Tout est tout autant en toi; que le pardon retenu me blesse et que je trouve mon compte quand je m’abaisse; que ma souffrance à quelque chose à avoir avec ma rédemption et que je dois mourir à une part de moi-même pour devenir don…

Pourquoi cette nostalgie d’une Grande Noirceur, cristallisée par la propagande laïcarde slash franc-maçonne? La Révolution française déjà, nous avait rendus si libres, fraternels et égalitaires; il fallait bien suivre derrière!

Le Moyen-Âge fut déjà si ténébreux : sans couches jetables, machines à sous et pesticides… il fallait bien libérer la femme pour que la société secrète remodèle nos enfants dès la prématernelle.

Pourquoi te prêter oreille, Église?

Si imparfaite, si décevante à bien des aspects?

Parce que tu estimes que la personne est plus qu’un numéro sur les boards de Wall Street; pour mes boyaux, plus qu’une tarte aux fraises crème chantilly; pour mes bobos, plus qu’une crème analgésique.

Parce que tu dis que mon sexe n’est pas qu’un joystick; que mon corps n’est pas qu’une silhouette derrière une vitrine; et que mon iris n’est pas une ID card, mais une fenêtre sur le mystère qui m’habite.

Mon lazy-boy est la trappe où m’assiègent les ombres en haute définition de notre caverne collective.

Parce que tu m’incites à fonder un foyer au lieu d’une chilling room; car si la famille est un rempart contre l’égoïsme, mon lazy-boy est la trappe où m’assiègent les ombres en haute définition de notre caverne collective.

Parce que tu m’annonces que j’ai une mission, qu’il y a un sens à l’Histoire et une Unité aux nations.

Parce que tu attestes que la solution à mes problèmes se trouve dans un autre que moi-même, en me sortant du nombrilisme spirituel et du grattage de gangrène.

Parce que seul, je n’arrive pas à grand-chose, et si tu me fais croire qu’existe un Dieu trois fois Saint, c’est pour qu’ensemble nous devenions divins.

Parce que tu pries et agis, pour le bien ce ceux-là mêmes qui te détestent.

Parce que les maitres de ta tradition nous enseignent les moyens de l’illumination.

Parce que ta Parole contient le secret de la divinisation.

Alors redis-la, s’il-te-plait, cette promesse, avec plus de force et de conviction : Nous sommes tous appelés à devenir Dieu en notre humanité, en nos corps transfigurés.

C’est là la soif cachée de beaucoup de nos contemporains.

Alors ne réagis pas seulement aux attaques, mais fais entendre ta voix sur les places.

Sois sans gêne, le temps presse…

Sébastien Gendron

Avant de devenir maître en théologie, Sébastien Gendron s'est formé en arts et en communication. Depuis, c'est le mystère de la divinisation qu'il tente de restituer dans la théologie occidentale à travers ses conférences et ses divers engagements.