Illustration: Fotolia
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Quelques mots après Paris…

Un texte de Laurent Penot

Difficile d’écrire sur ce sujet, et en même temps c’est impossible de ne pas en dire un mot sur ce site. Ce sera très partiel, partial, personnel.

Quelques jours à peine après la célébration du Christ Roi de l’univers, le scandale est encore plus grand. À moins que la nouvelle ne s’épuise dans une chasse aux sorcières infiltrées en Occident, ou une prétention à nettoyer le monde de ces « parasites »…

Comment ce Dieu qui se révèle en Jésus Christ peut-Il permettre ça?

Il semble que notre capacité d’indignation s’accroît avec notre capacité à nous identifier à ce qui s’est passé.

Cette question se pose à chaque fois que le mal est commis en ce monde. Mais certains événements nous sont plus marquants que d’autres. De par l’horreur qu’ils suscitent d’abord. Mais aussi de par leur proximité géographique, culturelle : il semble que notre capacité d’indignation s’accroît avec notre capacité à nous identifier à ce qui s’est passé.

Ce genre d’événements nous touche d’autant plus qu’ils ont menacé nos proches, qu’ils auraient pu avoir lieu ici, qu’ils auront peut-être lieu ici, un jour.

La peur embarque, l’émotion prend le dessus. Des raisonnements viennent maquiller nos angoisses. C’est normal, pour un temps.

Le scandale

Le Fils de l’homme arrive sur les nuées. Sa venue n’est pas si claire. Elle suscite le doute chez ses disciples, qui l’abandonnent. Leur foi n’est pas assez grande pour croire qu’Il accomplit sa mission à travers un échec, un scandale, un procès bâclé, une exécution sommaire et injuste.

Quelques heures suffisent pour arrêter, condamner, exécuter l’Innocent véritable. Pour commettre l’irréparable.

Et la mort est vaincue. Le témoignage de l’Église se propage dans l’histoire à travers une nuée d’ombres et de lumières, de merveilles et de faiblesses, de grâces et de péchés. Et dans son humilité, notre Seigneur semble accepter cela. Pour un temps.

Qu’on n’aille pas me dire qu’Il ne pouvait rien faire : quand Pierre sort son épée pour frapper, Il le corrige : crois-tu que je ne pourrais demander de l’aide à mon Père, et qu’Il ne me l’accorderait pas sur le champ?

Mais sa Royauté n’est pas de ce monde.

Il ne répond pas au mal par le mal, à la violence par la violence, à la haine par la haine. Quel scandale !

La lumière

Et pourtant, certains voient une lumière dans cette nuée de notre histoire.

Touchés par le mal, blessés jusque dans leur chair, ils refusent d’embarquer dans cette spirale de haine. Je ne sais même pas s’ils sont croyants.

Dieu est miséricorde. Je le constate dans ma propre vie, moi qui suis pétri de la même pâte que ces terroristes.

Mais je sais qu’ils ont vu une lumière pour leur vie, une lumière qui a traversé 2000 années pleines d’obstacles, pour les rejoindre : la Royauté de notre Seigneur n’aura pas de fin… Je prie pour qu’ils puissent garder cette lumière et la laisser éclairer leur vie, toute leur vie.

Face à tous mes raisonnements insuffisants, il ne me reste que cette espérance : Dieu est miséricorde.

Je le constate dans ma propre vie, moi qui suis pétri de la même pâte que ces terroristes. Cela ne signifie pas qu’il ne faut rien faire : protéger les innocents est un devoir. Mais agir sous l’emprise de la colère ou de la peur, aussi légitimes soient-elles, certainement pas.

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