*** Attention, ce texte à saveur ironique présente une vision idéalisée de la maternité. Un lecteur avisé saura distinguer le réel de l’exagération. ***
C’est aujourd’hui la parution du livre Maternité, la face cachée du sexisme de Marilyse Hamelin. Je prévois me le procurer dès cet après-midi pour en faire la lecture. D’ici là, je dois admettre que je suis en accord avec l’essence de son propos : oui, la parentalité, c’est inégalitaire. Encore en 2017, après tant de mesures politiques, d’efforts pour changer la société et la culture, la parentalité regorge d’inégalités.
C’est vrai, pensons-y. Les hommes ne pourront jamais obtenir deux barres sur un petit bâton après avoir fait pipi dessus. Ils ne connaitront pas cette joie, cette surprise, que nous, les femmes, pouvons d’abord découvrir en solo avant de partager la bonne nouvelle avec notre douce moitié.
Les hommes ne sentiront jamais un petit bébé dans leur ventre, alors qu’il bouge pour la première fois, qu’il fait une pirouette, qu’il a le hoquet. Heureusement, les appareils médicaux permettent aux deux parents d’entendre ensemble son cœur pour la première fois, de le voir à l’écran lors de l’échographie.
Le père peut parler à son bébé, sentir avec ses mains ses mouvements. Mais rappelons-nous que c’est la femme qui le dirige, car c’est elle qui connait les habitudes et le tempérament de son bébé, déjà avant qu’il naisse. La femme enceinte n’est jamais seule, elle a toujours ce petit être, qui tout en provenant d’elle, est déjà quelqu’un d’autre.
Pauvres hommes!
Pauvres hommes! Ils nous regardent, parfois stressés, parfois apeurés, parfois impuissants, souffrir les douleurs de l’accouchement. Râler pendant des heures, hurler au moment crucial, alors que nous tentons d’expulser de notre corps quelque chose gros comme un melon d’eau. Ils ne savent pas, les hommes, tout comme beaucoup de femmes, que nous sommes faites pour ça, que nous sommes nées destinées à faire naitre, que lorsque les meilleures conditions sont réunies, l’accouchement peut être une expérience fabuleuse, positive, jouissive.
Ils peuvent mettre l’épaule à la roue : soutien moral et physique, encouragements, points de pression, massage. Pourtant, ils ne vivront jamais la naissance de l’intérieur, comme les femmes le vivent. Ce n’est pas pour rien que plusieurs mères disent que l’accouchement a changé leur vie. Que malgré la douleur, elles recommenceraient n’importe quand.
Les hommes ne vivront jamais la naissance de l’intérieur, comme les femmes le vivent.
Les pères voient leurs bébés naitre et hop! directement sur le ventre de la mère. Le premier contact, les premiers regards, la première tétée, autant de moments bien souvent réservés aux femmes. La fierté, la satisfaction d’avoir fait naitre cet enfant, c’est bien l’ultime récompense pour tous leurs efforts.
Une fois né, le bébé se souvient de la voix de son père. Très jeune, il peut même la reconnaitre au téléphone. Mais cela n’égalera jamais la connaissance qu’il a de sa mère. Sa voix, son odeur, sa peau, son lait : la fusion mère-enfant qui a duré neuf mois pendant la grossesse se poursuit dans les premiers temps de vie du bébé. Ce n’est pas un caprice si le petit ne se laisse réconforter que par elle, c’est qu’elle est tout ce qu’il connait dans ce nouveau monde étranger.
Quelle injustice pour les pères bien intentionnés!
Et parlons de l’allaitement : encore un privilège réservé aux femmes. Quelle expérience fortifiante que de parvenir à nourrir soi-même son enfant! De voir sa petite main sur notre sein, son sourire après la tétée, l’estomac bien plein.
Les hommes travaillent fort pour que la mère puisse allaiter. Il lui faut mille oreillers, un verre d’eau, une collation et mon livre, s’il-te-plait chéri! Et, bien que certains hommes aient la capacité de produire du lait, ils ne pourront jamais allaiter comme les femmes le peuvent. Ils demeurent exclus de l’essentiel des sessions d’allaitement, qui peuvent se répéter de 10 à 14 fois par jour, préférablement pendant les premiers mois d’existence.
Des milliers de moments d’intimité, réservés aux mères.
Pour une réelle complémentarité
Vraiment, je plains les hommes de vivre toutes ces exclusions liées à la parentalité. Mais plutôt que d’en appeler à une égalité où les femmes devraient abandonner les privilèges biologiques de la maternité, j’en appelle à un investissement des hommes qui respecte leur rôle complémentaire dans la maisonnée et la vie familiale.
Je souhaite surtout un respect des choix des couples et des familles sur leurs arrangements familiaux.
Que l’on arrête de croire que les femmes en congé et au foyer le sont par conditionnement et oppression.
Que l’on commence à voir la maternité et le soin des enfants comme une expérience enrichissante, une source d’épanouissement équivalente (voire supérieure) au travail.
Que l’on fasse preuve de plus de solidarité entre femmes et entre les sexes, pour atteindre l’égalité que nous espérons tous.