Résurrection
L'incrédulité de Saint Thomas, par Le Caravage (vers 1603)

Jésus Christ est-il vraiment ressuscité?

En cette journée de Pâques, nous publions un entretien avec notre chroniqueur Simon Lessard sur la résurrection du Christ, un évènement au retentissement historique sans précédent.

Le Verbe : Chaque année, lorsque la fête de Pâques revient, les mêmes interrogations remontent à notre esprit. Pâques, pour les chrétiens, c’est la fête de la résurrection de Jésus Christ. Mais voilà que cette résurrection est avant tout proclamée par les croyants comme un fait historique, à la manière d’une grande victoire militaire ou une grande découverte scientifique, par exemple.

Simon Lessard : Tout à fait. L’apôtre Paul martelait d’ailleurs que : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est sans valeur! » Pourquoi? Parce que ce fait historique vient en quelque sorte authentifier la vérité du message chrétien. Il est la preuve que ce que Jésus avait dit venait de Dieu et non d’un simple homme.

Le Verbe : Mais alors la question se pose avec force : Jésus Christ est-il vraiment ressuscité? Ne serions-nous pas devant le plus grand complot de tous les temps? Faut-il croire sans preuve que cela est arrivé ainsi?

SL : Non, il ne faut pas croire sans preuve. La crédulité naïve, tout comme l’incrédulité sceptique, est indigne de notre intelligence. Ne pas croire ce qui est digne de foi est tout aussi déraisonnable que croire ce qui ne l’est pas.

Contrairement à l’opinion répandue de nos jours, la foi ne consiste pas à croire sans raison.

La foi serait irrationnelle si elle n’était pas fondée sur des motifs de crédibilité qui montrent que l’assentiment de la foi n’est nullement un mouvement aveugle de l’esprit. Mais la foi est au contraire l’attitude la plus rationnelle lorsque la raison lui montre des motifs incontestables de crédibilité.

Le Verbe : Mais la résurrection peut-elle être étudiée scientifiquement avec des preuves?

SL : Si par « scientifique » on pense à des microscopes et des éprouvettes, alors non. Mais la science ce n’est pas les laboratoires, la science c’est avant tout la réflexion logique, critique et argumentée.

L’histoire est une science avec sa propre méthode qui permet d’arriver à des certitudes. On peut prouver que Jules César, la victoire de Lépante ou les massacres nazis ont vraiment existé, même si on ne les voit pas. Un historien qui refuserait de croire à la mort héroïque de Socrate, par exemple, serait indigne de sa propre méthode scientifique.

Les témoins et documents qui nous rapportent la résurrection du Christ sont bien plus nombreux que ceux concernant la mort de Socrate.

Or, les témoins et documents qui nous rapportent la résurrection de Jésus Christ sont bien plus nombreux que ceux témoignant de la mort de Socrate. Et pourtant, on admet le premier fait avec la même facilité que l’on rejette le second. L’historien sérieux ne doit rien rejeter ni accepter à priori. Mais face à des personnes ou des documents qui nous rapportent des évènements, l’historien doit toujours se demander s’ils sont crédibles ou pas, s’ils sont dignes de foi.

Le Verbe : Mais qu’est-ce qui nous dit, justement, que les disciples ne sont pas des manipulateurs? Comment savoir si leurs écrits – rapportant la résurrection de Jésus – sont un ramassis de mensonges pour convaincre des foules ignorantes et naïves ou pas?

SL : C’est une excellente question. Avant de croire quelqu’un, en effet, il faut s’assurer que cette personne ne veut et ne peut pas nous mentir.

La première chose à se demander dans le cas qui nous intéresse est à quoi ressembleraient des femmes et des hommes déterminés à mentir… et à mentir sur Dieu!? Il s’agirait probablement de femmes et d’hommes qui n’ont pas peur de Dieu pour mentir ainsi sur lui. Pour mentir à ce point sur Dieu, de faux témoins devraient pratiquement être athées. Mais voilà, l’athéisme est une attitude somme toute inexistante pour des Juifs de l’Antiquité.

Ces prétendus manipulateurs devraient aussi être absolument sans scrupules moraux pour induire ainsi en erreur des foules entières. Pourtant, dans le cas des disciples du Christ, leur vie morale est généralement reconnue, même par les incroyants et leurs adversaires, comme exemplaire. Les persécuteurs des apôtres ne les ont pas accusés sur leurs mœurs, mais sur leur prédication. Ils auraient ainsi pratiqué toutes les plus grandes vertus, mais auraient passé leur vie à mentir?

Notre expérience nous montre que les charlatans et manipulateurs cachent généralement d’autres vices pires encore. Mais les apôtres ont donné la doctrine morale la plus sainte et l’exemple de vie le plus édifiant de l’histoire, mais auraient basé tout cela sur un mensonge? Quelle schizophrénie!

Le Verbe : Mais n’ont-ils pas tout de même enseigné une nouvelle religion aux idées révolutionnaires propres à séduire une foule désabusée?

SL : Il est vrai que le christianisme est révolutionnaire en un sens et qu’il répond au désir insatisfait des hommes. Toutefois, il est révolutionnaire en ce qu’il propose la croix comme chemin de bonheur. Quant au désir, le christianisme affirme que Dieu seul peut combler le désir infini des hommes. Du coup, il est l’inverse d’un hédonisme facile, car il détourne de tous les plaisirs mondains de ce monde pour recentrer la vie uniquement sur la relation à Dieu.

Loin d’être séduisant comme vous dites, le christianisme était très repoussant pour les hommes de l’époque. N’oublions pas que les apôtres ont prêché à des Juifs qu’ils avaient assassiné leur propre Messie. C’est là les accuser de l’un des plus grands crimes possible! Ils proposent aussi de suivre le plus haut idéal moral qui existe, celui d’aimer son prochain comme soi-même, de pratiquer l’humilité et la chasteté, et même d’aimer ses ennemis jusqu’à mourir pour eux! Ce n’est certainement pas là une morale populaire.

Enfin, ils ont prêché à des Grecs une doctrine pleine d’idées étranges comme l’incarnation de Dieu, la Trinité d’un Dieu pourtant unique et même une présence réelle de ce Dieu dans ce qui semble n’être qu’un bout de pain! N’importe qui pourrait imaginer une religion plus facile à croire et moins exigeante à pratiquer.

Le Verbe : Donc, si les apôtres avaient été des manipulateurs, ils n’auraient pas été très habiles!?

SL : Pas très habiles… je dirais même totalement incompétents! Pensez-y… si l’on veut induire en erreur toute une population – voire même le monde entier – on ne propose pas une doctrine absolument contraire et répugnante aux idées et modes de vie de nos auditeurs. On cherche, au contraire, à leur plaire, à les conforter dans leurs mauvaises habitudes.

Quel manque de stratégie aussi! Le premier soin d’un imposteur n’est-il pas de faire perdre la trace de sa fraude? Les faits qu’il invente, il les place soit dans un temps ou une région éloignée afin que nul ne puisse le contredire. Or, les apôtres ont fait exactement l’inverse. Ils ont enseigné avoir vu le Christ ressuscité à de nombreuses reprises au cœur de Jérusalem à des hommes qui vivaient en ces mêmes temps et lieux. Ils ont aussi prétendu avoir accompli des miracles devant des foules entières en plein centre-ville.

Le plus étonnant est que, comme pour Jésus, leurs ennemis ne niaient pas ces miracles, puisque tout Jérusalem pouvait les voir, mais ils se contentaient d’affirmer qu’ils accomplissaient leurs miracles éclatants par la puissance des démons.

Le Verbe : Même si l’on admet que c’est très peu probable qu’ils aient été des imposteurs, n’est-ce pas tout de même possible?

SL : Qu’un homme arrive à monter une fausse histoire, c’est possible. Mais est-ce possible que des dizaines de femmes et d’hommes se mettent d’accord pour mentir ainsi jusqu’à leur mort, sans qu’aucun jamais ne se soit rétracté, sans que jamais le témoignage d’un seul ne contredise celui d’un autre? Cela il me semble serait la théorie du complot poussée à son paroxysme!

Si nous sommes le plus souvent enclins à rejeter les théories du complot, encore très à la mode aujourd’hui, c’est justement parce que notre raison nous dit que de tels complots dépassent les limites du crédible. Il ne faudrait pas diminuer notre rigueur intellectuelle lorsqu’il est question des débuts du christianisme.

Le Verbe : Ne pouvons-nous pas à tout le moins dire que le pouvoir et les honneurs que les apôtres ont retirés comme leadeurs de cette nouvelle doctrine auraient pu les inciter à inventer cette histoire de résurrection?

SL : Vous avez raison de réfléchir à cela car, de fait, lorsque l’on ment, c’est toujours pour en tirer un avantage : popularité, richesses, plaisirs, etc.

Néanmoins, ne l’oublions pas, l’Église naissante dirigée par les apôtres n’était pas une grande institution internationale, mais le rassemblement de quelques petites communautés assez pauvres. Il y avait donc là un pouvoir insignifiant à acquérir en comparaison du pouvoir que pouvaient avoir les dirigeants juifs ou romains de l’époque.

Les apôtres auraient tous persévéré dans leurs mensonges même face aux pires tortures et à la mort elle-même?

Quant aux honneurs, il faut bien voir que par leur prétendu mensonge, les disciples savaient qu’ils ne s’attireraient que calomnies, persécutions et condamnations à mort. Les douze apôtres ont tous vécu chastement et pauvrement en plus de finir martyrisés. Non seulement ils auraient menti de concert, mais ils auraient tous persévéré dans leurs mensonges même face aux pires tortures et à la mort elle-même. Même des hommes honnêtes finissent par avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis lorsqu’on les torture. Mais eux auraient persévéré dans leur tromperie sans qu’aucun ne flanche? Pourtant, s’ils avouaient leur mensonge, on leur aurait laissé la vie sauve, en plus de les couvrir de richesses et d’honneurs.

Mais encore une fois, aucun n’a dénoncé le complot criminel. Ils auraient été des monstres de manipulations, mais des héros de fidélité dans leur complot? Passons sous silence que, selon leurs propres enseignements, leurs terribles tromperies les destinaient après leur mort à ne pas entrer dans le paradis qu’ils annonçaient.

Le Verbe : Mais ils n’y croyaient pas au paradis s’ils mentaient, justement!

SL : Très bien. Donc ils ont accepté de vivre un enfer sur terre, sachant très bien qu’ils n’obtiendraient rien en retour après leur mort? Quels mauvais hommes d’affaires! Nous serions alors obligés de tomber dans l’hypothèse qu’ils seraient les plus fous de tous les hommes. Alors, ils seraient aussi les fous les plus saints et les plus sages que la terre n’ait jamais vus!

Le Verbe : À vous écouter, on dirait qu’affirmer la résurrection est plus rationnel que la nier. Pourquoi alors les femmes et les hommes de notre temps ont-ils tant de difficulté à y croire?

SL : Vous posez là la question la plus fondamentale. On peut en effet multiplier les arguments, les objections et leurs réponses, mais là n’est pas le véritable enjeu. La véritable question c’est pourquoi nous ne voudrions pas que le Christ soit ressuscité?

Le Verbe : Pourquoi alors?

SL : Parce qu’avant de montrer que le christianisme est vrai, il convient de montrer qu’il est bon. Le pape Pie XII l’avait sagement remarqué :

« Les hommes se persuadent facilement de la fausseté ou du moins de l’incertitude des choses dont ils ne voudraient pas qu’elles soient vraies. »

Notre incroyance ne s’appuie-t-elle pas elle-même sur une autre croyance? La croyance infondée que si tout cela était vrai, alors nous serions condamnés à perdre notre liberté, condamnés à être malheureux, condamnés à faire face à un Dieu qui nous jugerait sévèrement? C’est pourtant tout le contraire que le Christ ressuscité nous annonce : Dieu est un père, un père qui nous pardonne et qui nous aime infiniment.

La résurrection n’est pas qu’un fait historique. La résurrection est surtout une bonne nouvelle dont la vérité nous rend enfin libres et heureux!

Le Verbe : Il faut considérer une autre objection, il me semble. Les disciples étaient peut-être de bonne foi, mais étaient-ils sains d’esprit? N’auraient-ils pas été victimes d’une illusion d’optique par exemple?

SL : La question est évidemment pertinente. Avant de croire quelqu’un, avais-je dit la dernière fois, il faut s’assurer que cette personne ne veut pas nous tromper. Mais pour être rigoureux, il faut aussi vérifier que cette personne n’a pu elle-même se tromper. Ou bien ils disent vrai, ou bien ils mentent… ou bien ils sont dans l’erreur quant à ce qu’elles pensent avoir vu. Il n’y a pas d’autre possibilité.

Le Verbe : N’arrive-t-il pas souvent que des fondateurs de sectes soient déséquilibrés mentalement ?

SL : Trop souvent malheureusement. C’est pourquoi la question est légitime. Mais dans le cas qui nous intéresse, je pense que l’hypothèse de la folie semble être elle-même folle à soutenir. Je m’explique.

Si les centaines de disciples qui ont vu le Christ ressuscité étaient tous fous, alors leurs ennemis auraient été les premiers à les traiter d’aliénés.

Si les apôtres et les centaines de disciples qui ont vu le Christ ressuscité étaient tous fous durant plus de 40 jours, alors leurs ennemis auraient été les premiers à les traiter d’aliénés. Ce chef d’accusation n’a pourtant pas été retenu par les adversaires de l’époque.

De plus, des fous ne nous auraient pas donné des écrits reconnus, même par les non-croyants, comme les plus profonds de toute l’histoire de l’humanité. Il semble déraisonnable aussi de penser que des fous auraient réussi à convaincre des foules entières parmi lesquelles se trouvaient de grands sages des élites hébraïques, grecques et romaines.

Difficile de croire aussi que des fous auraient enseigné et vécu la vie morale la plus parfaite, sans les incohérences et contradictions propres à la folie. C’est d’ailleurs la pierre d’achoppement de la plupart des gourous de secte.

Le Verbe : Des fous bons et brillants, c’est un peu contradictoire je vous le concède.

SL : Mais il y a plus. S’ils étaient vraiment fous, comment l’auraient-ils été tous de la même manière et sur la même chose ? Allons dans un hôpital psychiatrique et l’on n’y trouvera même pas deux fous qui ont exactement les mêmes idées folles. Or, ici, nous sommes devant des dizaines, voire même des centaines de personnes qui affirment avoir vu la même chose : un homme défiguré et torturé à mort publiquement revenir trois jours plus tard à la vie dans le corps le plus parfait.

Bref, le silence de leurs adversaires, le succès de leur prédication, la profondeur de leurs discours, la droiture de leurs actions et l’unanimité de leur témoignage ne permettent pas à mon avis de défendre raisonnablement l’hypothèse de leur déraison.

Le Verbe : Mais alors si les nombreux témoins de la résurrection n’étaient pas fous, s’ils étaient honnêtes et de bon sens, comme vous dites, n’ont-ils pas été tout simplement une fois dans leur vie victimes d’une hallucination ?

SL : Il est certes possible d’être trompé par une illusion, de prendre une personne pour une autre par exemple. Mais qu’un grand nombre d’hommes se trompent tous ensemble, tous de la même manière et que dans cette multitude, il n’y en ait pas un seul qui, avec de meilleurs yeux ou un meilleur jugement, découvre l’erreur, cela n’est jamais arrivé à ma connaissance.

Or, ceux qui prétendent avoir vu le Christ ressuscité sont très nombreux. Il y a d’abord Marie-Madeleine, puis Pierre, puis les deux disciples d’Emmaüs, puis tous les apôtres ensemble et même, nous dit Paul, une foule de plus de cinq-cents frères en même temps !

Je vous repose la question à mon tour : comment auraient-ils pu tous être victimes de la même illusion en des temps et lieux différents, sans qu’aucun de ceux qui étaient présents à ces apparitions ne les contredise? Car rappelons-le, les seules personnes qui s’opposent à leur témoignage étaient absentes.

Le Verbe : Mais peut-être ont-ils fait erreur sur la personne. Peut-être ont-ils pris pour Jésus quelqu’un qui lui ressemblait beaucoup ?

SL : Il est effectivement possible de se méprendre sur une personne que l’on voit une seule fois, en passant, de loin, surtout si on la connait peu ou si on l’a vue rarement. Mais les apôtres et disciples qui prétendent avoir vu le Christ ressuscité le connaissaient très bien. Ils avaient vécu plus de 3 ans avec lui. Ils le suivaient partout, ils mangeaient, buvaient et marchaient avec lui dans la plus grande familiarité.

Le Verbe : Certains pensent qu’ils auraient été victimes d’une sorte d’illusion d’optique ou d’une hallucination à la manière de ceux qui font des psychoses.

SL : Psychose de groupe sans drogues et hallucinations collectives répétées en différents temps et lieux ? On entre alors dans des hypothèses que ni la médecine ni la psychologie ne pourraient défendre.

Il est certes possible qu’un de nos sens soit trompé, qu’on croie voir ce que l’on ne voit pas. Mais que tous nos sens se trompent en même temps et de la même manière, que même le sens du toucher soit trompé, cela même les pires drogues ne peuvent le causer parfaitement. C’est pourquoi l’on se pince lorsqu’on a un doute sur nos autres sens, car le toucher est par-dessus tout le sens de la certitude. Or, pendant plus de 40 jours, nos témoins prétendent avoir vu le Christ ressuscité. Ils affirment que Jésus-Christ ressuscité leur a donné des enseignements et confié une mission. Ils racontent même avoir mangé et bu avec lui, qu’ils ont même pu le toucher.

L’apôtre Thomas qui doutait ne pouvait plus douter après avoir touché, en présence des autres apôtres, la chair et les os du Christ dans les plaies mêmes qui avaient causé sa mort !

Le Verbe : Mais pouvez-vous vous appuyer ainsi sur leurs écrits si nous ne sommes pas certains justement de la fiabilité de leur témoignage ? Se baser sur la Bible pour démontrer la Bible n’est-ce pas contradictoire.

SL : Ce serait contradictoire effectivement, mais ce n’est pas ce que je fais. Je ne cherche pas à démontrer que la Bible est la Parole de Dieu. Je m’appuie sur quelques livres de la Bible seulement en tant que documents historiques, comme le ferait n’importe quel bon historien.

Une fois que l’on a établi que les témoins ne sont pas des menteurs, alors leurs écrits deviennent fiables. Fiables au moins en toutes ces choses ordinaires dont aucun homme ne peut être victime d’illusion : le nombre de personnes présentes, les lieux, les temps, etc.

S’ils sont de bonne foi, on ne peut prétendre en même temps que tout ce qu’ils rapportent serait pure invention. On est ou bien trompeur ou bien trompé, mais pas les deux en même temps.

Le Verbe : J’aimerais revenir sur une autre objection assez courante. Ne pourrions-nous pas penser que les apôtres du Christ espéraient tellement qu’il ressuscite, qu’ils ont été plus faciles à abuser, plus disposés à se laisser convaincre par une similiapparition ?

SL : Le problème avec cette hypothèse c’est que lorsqu’on lit attentivement leurs récits, c’est tout le contraire que l’on voit. Ils étaient si persuadés qu’après la mort de leur maitre tout était fini, qu’ils sombraient dans la peur et la tristesse. Loin de toute exaltation, ils avaient au contraire tous perdu la foi. Ils sont même allés l’embaumer !

Leur première réaction fut de refuser de croire les évidences que leurs yeux leur montraient lors des premières apparitions et des premiers témoignages. Madeleine ne le reconnait même pas de prime abord. Les apôtres refusent de croire les saintes femmes qui prétendent avoir vu le Christ ressuscité. Les disciples d’Emmaüs étaient complètement découragés. L’apôtre Thomas, lui, ne crut pas ses meilleurs amis qui lui affirmaient unanimement avoir vu le Ressuscité. Thomas ne crut même pas lorsque ses propres yeux le virent avant que ses mains le forcent à reconnaitre l’évidence que sa tristesse obscurcissait.

Le Verbe : Autre objection à rejeter donc ?

SL : C’est à mon avis insoutenable si l’on étudie attentivement les circonstances. Leur lenteur à croire, les preuves qu’ils ont exigées pour croire, montrent que loin d’être exaltés et convaincus que le Christ devait ressusciter, ils étaient au contraire les plus méfiants et les premiers incrédules.

Le Verbe : Mais s’ils n’étaient ni fous, ni victimes d’illusion, ni menteurs alors…

SL : Alors je vous laisse tirer votre propre conclusion !

Simon Lessard

Simon aime entrer en dialogue avec les chercheurs de vérité et tirer de la culture occidentale du neuf et de l’ancien afin d’interpréter les signes de notre temps. Responsable des partenariats pour le Verbe médias, il est diplômé en philosophie et théologie.