Donald Trump (photo par Gage Skidmore, Wikimedia - CC)
Donald Trump (photo par Gage Skidmore, Wikimedia - CC)

« Je ne crains aucun mal »

Je n’ai pratiquement pas dormi de la nuit. En plus, j’ai un mal de chien dans le dos. Hier soir, en me couchant, j’avais encore un peu d’espoir. Mais ce matin, la réalité cogne dur : Trump est président des États-Unis. Merde. Ce n’est rien pour arranger mon humeur. (Cela dit, une victoire de Clinton n’aurait pas été non plus une occasion de faire la fête…)

Mon Dieu! Où est-ce qu’on s’en va?

J’écoute les commentaires des journalistes patentés, je regarde le thermomètre financier du monde et je constate que la page web d’Immigration Canada a explosé. Il y a de quoi paniquer.

Je me rappelle approximativement des mots du pape à l’époque où le président n’était que candidat : celui qui cherche à construire des murs au lieu de bâtir des ponts n’est pas chrétien.

Ouf! ça augure mal tout ça. Coudonc! On s’en va vers la catastrophe! Un krach boursier, des soulèvements de citoyens ou même la troisième guerre? Qui sait ce qui nous pend au bout du nez? J’angoisse.

Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes.

Ps 62

Ce matin, alors qu’une partie du monde se réveille avec un gout amer dans la bouche, l’Église célèbre la fête de la Dédicace de la Basilique du Latran. Les psaumes, les paroles, les antiennes de la liturgie des heures, tout converge au même point : bénir, bénir, bénir. Le cantique des trois enfants (Dn 3) nous y invite à toutes les phrases (34 fois!). Tout en récitant les psaumes du matin, je me surprends à bénir intérieurement aussi pour mes membres, mon dos, même souffrant. Après tout, qui sait pourquoi le Seigneur permet que ce soit ainsi ce matin?

Et vous, les enfants des hommes, bénissez le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle!

Dn 3

Je me rappelle que ce cantique a été chanté par trois enfants envoyés mourir dans la fournaise parce qu’ils refusaient de se prosterner devant la statue d’or. Je commence à avoir les yeux en face des trous.

Passerais-je un ravin de ténèbres, je ne crains aucun mal, car tu es près de moi.

Ps 23

Je reviens à mes laudes : «Car le Seigneur aime son peuple» dit le psaume 149. Ce que je peux être distraite! Impossible pour notre Dieu d’abandonner son peuple, sa création, son œuvre. De quoi je m’inquiète au juste?

Au contraire, c’est peut-être l’occasion pour lui de se manifester. De la croix nait la résurrection. Qui sait si, dans cette fournaise politique qui se prépare, Dieu n’est pas là, avec son souffle doux pour nous préserver d’un tourment? Et qui sait si nous n’aurons pas l’occasion de proclamer sa victoire, sa gloire, son amour au milieu de ces flammes?

Je les conduirai à ma montagne sainte. Je les rendrai heureux dans ma maison de prière.

Is 56, 7

Une chose est sure, la prière est une maison de paix. Il y a quelques années, j’avais fait un rêve. Je nageais au fond de l’océan. Tout était calme, limpide et beau. Au-dessus de moi, pourtant, il y avait une tempête épouvantable, l’eau était noire et brouillée. À mon réveil, j’ai compris que cet océan représentait mon âme, en pleine tribulation à la surface, mais en paix dans les profondeurs de la prière.

Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La tribulation, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? demande Saint Paul dans sa lettre aux Romains.

En tout cas, certainement pas Trump!

Sophie Bouchard

Après des années de collaboration à l’organisme, Sophie Bouchard prend les rênes en 2010. Elle est animée d’un feu pour la mission du Verbe, qui la fait avancer, sans sourciller, contre vents et marées.