Photo: Pixabay (SnapwireSnaps - CC)
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Femme libérée (des pharmacos)

Un texte de Stefany Paulin-Gagné

À toutes celles qui se sont fait conseiller la pilule au début de l’adolescence, qui l’ont prise en continu jusqu’à la mi-vingtaine et qui maintenant se posent des questions. À tous ceux et celles qui se demandent comment les adolescents font pour avoir une opinion sur la contraception en général.

Je vous partage ici, à la veille de la Saint-Valentin, ce témoignage fort touchant d’une amie qui a décidé d’arrêter la pilule, sur un coup de tête prémédité, il y a de cela un an.

« Ce texte s’adresse à mon prochain chum (qui que ce soit dans l’univers) ou à tout gars que je pourrais fréquenter assez longtemps pour qu’il puisse un jour me demander pourquoi je ne prends pas la pilule et bien sûr à mes amies qui prennent la pilule. En espérant qu’au moins une d’entre vous réfléchira sur le sujet grâce à moi.

J’ai fait un grand changement dans ma vie et je crois que mon expérience pourrait encourager certaines femmes à faire la même chose. Je vous partage donc en toute humilité les raisons pour lesquelles j’ai arrêté la pilule contraceptive.

Dire que pour nos mères, ou peut-être nos grand-mères, la pilule était un choix revendicateur, un pas-de-géant pour l’affirmation de la femme, l’acte féministe par excellence! Mais maintenant, j’ai un sentiment un peu amer quand j’y songe, je me dis qu’en fait on nous a mis de la poudre aux yeux, que les compagnies pharmaceutiques nous empoisonnent depuis tout ce temps et détruisent notre féminité.

Au départ, ce qui m’a fait réfléchir aux implications de la pilule, c’est d’apprendre que, par l’urine, nous envoyons les hormones que nous ingérons dans l’eau, ce qui dérègle la reproduction des poissons et crée même des mutations. Disons-le: c’est vraiment dégueulasse. J’ai eu une petite pensée colérique à l’encontre des (feu) cours de formation personnelle et sociale («FPS») qui nous présentaient les diverses formes de contraception sans jamais nous parler de ce genre de points négatifs. Puis, ça peut sembler anodin, mais des dommages irréversibles à certains écosystèmes, il me semble que c’est important quand il s’agit de choisir un mode de contraception!

Plus encore, ces hormones étaient pour moi: vivre continuellement avec une boule de colère, qui risquait à tout moment d’éclater en cris ou en pleurs. Avoir toujours faim. Être toujours fatiguée. Avoir des relations difficiles avec les hommes que j’ai fréquentés pendant ce temps parce qu’un rien m’affectait.

Et là je ne peux m’empêcher de croire que le fameux «syndrome prémenstruel» est plutôt un contrecoup des effets de la pilule sur notre caractère. Et comment est-ce que ça pourrait en être autrement? La pilule nous empêche de tomber enceintes! Comment est-ce qu’elle pourrait possiblement n’avoir aucun effet sur notre humeur quand on sait à quel point le système reproducteur est fort sur nos sentiments? … Bonne question!

Alors il y a un peu plus d’un mois j’ai arrêté la pilule. Je n’ai même pas fini mon paquet. J’en ai encore une dans mon portefeuille qui me rappelle ce merveilleux choix que j’ai fait. Parlons donc des points positifs : depuis que j’ai arrêté la pilule, je suis heureuse. Sérieusement. Heureuse. J’ai de l’énergie et je ne suis (presque) plus susceptible! J’ai le cœur léger. C’est fini la boule de colère qui attend d’exploser.

La pilule me faisait obstruer une partie de moi-même. J’étais un être dans un corps de forme féminine, mais je n’étais pas une femme.

La pilule me faisait obstruer une partie de moi-même. J’étais un être dans un corps de forme féminine, mais je n’étais pas une femme. Plus jeune, je pleurais à chaque fois que j’avais mes règles. À. Chaque. Fois. Pas parce que j’avais mal. Parce que ça me dégoutait. Alors j’ai décidé de prendre la pilule en continu pour éviter d’avoir à être confrontée à ma nature de femme. Pour contourner ce malaise que j’avais. J’ai étouffé ma féminité pendant toutes ces années et maintenant je dois me réconcilier avec elle. Et je trouve cela difficile.

Bien sûr, ça m’énerve de ne pas pouvoir faire ce que je veux tout le temps. Mais quelle réflexion enfantine! Pourquoi ne pas plutôt m’adapter à mon corps et apprendre à vivre avec? La pilule nous dit que le corps doit se plier aux exigences que dicte notre mode de vie plutôt que notre mode de vie doive se plier aux obligations que nous dicte notre corps. Depuis que je ne prends plus la pilule, je fais partie du monde naturel plus complètement. Je suis moins synthétique, moins transformée, moins réduite aux dictats de la modernité. Depuis que je ne prends plus la pilule, je découvre une façon différente d’appréhender le monde : à la manière d’une femme. »

Cette amie-là, un an après, a jamais regretté son choix! Elle m’a donné son texte parce qu’elle le pense encore aussi fort. Je l’ai vue aller, j’ai observé les points positifs dont elle parle, l’humeur, la joie, une meilleure acceptation de soi, etc. Maintenant elle a un copain et je ne pourrais pas dire s’il a lu ce texte, d’après moi non, mais un beau matin, sortit de nulle part il lui a parlé de Serena. That Providence.

Serena c’est quoi ? C’est une méthode naturelle de régulation des naissances qui prend en compte, si on l’utilise bien, la personne humaine et sa nature. Cette méthode est aussi efficace que la pilule contraceptive (preuves scientifiques à l’appui). Et en prime, ça nous permet de mieux connaitre notre cycle (ah ouin!?).

Ce sera le sujet d’un prochain billet.

Collaboration spéciale

Il arrive parfois que nous ayons la grâce d'obtenir un texte d'un auteur qui ne collabore habituellement pas à notre magazine ou à notre site Internet. Il faut donc en profiter, pendant que ça passe!