euthanasie
Daan Stevens / Unsplash

Euthanasie: le point de vue d’un infirmier

Un texte de Jean-Michel Landry, infirmier clinicien et étudiant au doctorat en médecine.

Quelques années après l’adoption du projet de loi qui légifère l’euthanasie au Québec, nous voici déjà en train d’en élargir les conditions d’admissibilité. Il faut se méfier des risques de dérapages de ces nouvelles mesures et surtout continuer à protéger le malade dans sa réelle dignité. 

Nous sommes au milieu d’une mise en scène politicomédiatique qui créé des « groupes d’experts ». Les professionnels présents dans les maisons de soins palliatifs en sont pratiquement absents. Ils rassemblent des personnes qui sont déjà pro-euthanasie — certains en comptent des dizaines à leur actif.

Qui plus est, on ne montre plus de bons soins palliatifs et l’accompagnement dans la mort naturelle. C’est la promotion de l’euthanasie durant deux épisodes de notre émission favorite du jeudi soir. 

Dès le début de ma formation comme infirmier clinicien, on m’a appris l’importance d’accompagner le malade dans ses souffrances et la perte de sens devant la maladie et sa mort. Être présent tout simplement, en tentant de trouver avec lui un sens dans cette transition et de mieux la vivre. 

Une distinction à faire

J’ai aussi compris que la dignité de l’autre ne se résume pas à sa continence ou à sa mémoire. Son « faire » est moins important que sa globalité en tant que personne, de sa vie, son « être »

Nous vivons dans un monde où tout est axé sur la rentabilité et sur la participation de chacun pour l’essor de notre fameuse économie. Ainsi, nous avons tendance collectivement à voir l’autre selon ses capacités de « faire » et non pas selon ce qu’il incarne, son « être ». Ce sont d’ailleurs ces derniers concepts et valeurs qui me motivent actuellement dans la poursuite de mes études en médecine. 

La dignité de la vieillesse

Au cours des dernières années, nous avons complètement changé de paradigme. Maintenant, nous refusons et évitons cette souffrance en injectant des produits létaux au lieu de l’accueillir et de la gérer comme il se doit en valorisant la vie et en protégeant ce moment si riche pour le patient et sa famille qu’est la fin de vie.

La dignité de l’autre ne se résume pas à sa continence ou à sa mémoire.

Quel message sommes-nous collectivement en train d’envoyer à ces malades qui appréhendent la fin de vie ? Sommes-nous en train de valoriser une certaine approche ? Est-il devenu plus souffrant et moins digne de mourir naturellement avec de bons soins palliatifs que lors d’une euthanasie ?

Au fond, quelle est cette dignité qui est utilisée à toutes les sauces dans les différents débats éthiques qui concernent l’aide médicale à mourir et son élargissement ? Ne serait-elle pas la dignité du mourant que l’on veut protéger, accompagner et soulager jusqu’à son réel dernier souffle ?


Collaboration spéciale

Il arrive parfois que nous ayons la grâce d'obtenir un texte d'un auteur qui ne collabore habituellement pas à notre magazine ou à notre site Internet. Il faut donc en profiter, pendant que ça passe!