Les scientifiques aiment regarder la porno, mais pas comme tout le monde ! Avec leur regard critique, ils jettent une lumière sur ce qui préférerait demeurer dans l’ombre. Voici un bref survol de quelques études scientifiques décrivant ses effets sur la santé des cerveaux et des couples.
Selon le psychologue américain Al Cooper, l’accroissement des 3 « A » (Accessible, Abordable et Anonyme) ces dernières années a conduit à une explosion de la dépendance sexuelle à la porno. Cette addiction pourrait être aussi forte que celle au tabac ou à la cocaïne !
Rien d’étonnant puisque cette addiction en combine deux, celles aux écrans et celle au plaisir sexuel. Voilà pourquoi on l’appelle d’ailleurs la drogue du nouveau millénaire !
On définit l’addiction sexuelle comme la perte de contrôle de la sexualité et la poursuite du comportement pathologique lié à l’acte sexuel, malgré la connaissance de ses conséquences négatives, qu’elles soient physiques, psychologiques, sociales ou financières.
Or, la science connait très bien aujourd’hui les conséquences négatives de la consommation de cette drogue du sexe.
Comment la pornographie affecte notre cerveau
Moins de matière grise
Selon des scientifiques de l’Institut Max Plank for Human Development à Berlin, les hommes qui passent beaucoup de temps à regarder de la porno sur internet semblent avoir moins de matière grise dans le lobe droit de leur cerveau et une activité cérébrale réduite au niveau de leur cortex préfrontal. Il s’agit de cette partie du cerveau qui contrôle la résolution logique des problèmes et la prise de décision.
Mesdames, cela pourrait expliquer bien des choses chez votre conjoint !
Plus de troubles de santé mentale
Deux revues[1] de neurologie en 2016 ont publié des preuves de changements cérébraux liés à la dépendance chez les utilisateurs de porno sur Internet. Les effets psychologiques de ces changements cérébraux sont décrits comme
- une désensibilisation à la récompense,
- une réponse dysfonctionnelle à l’anxiété et
- une impulsivité maladive.
Une autre étude des docteurs Ybarra et Mitchell aux États-Unis sur les jeunes de 10 à 17 ans a conclu quant à elle qu’il existe une relation significative entre l’utilisation fréquente de matériel pornographique et les sentiments de solitude et de dépression majeure. De quoi expliquer la hausse constante du taux de détresse psychologique chez les jeunes du Québec.
Moins de perception
Avez-vous la mémoire des visages ? Des psychologues de Princeton ont réalisé des expériences[2] montrant un groupe de photos d’hommes et de femmes, certains dénudés et d’autres bien habillés. Les chercheurs ont surveillé leur cortex préfrontal médian (mPFC), qui sert à reconnaitre les visages humains et à distinguer une personne d’une autre.
Pour la plupart, le mPFC a été activé avec chaque photo. Cependant, lorsque les sujets de l’étude ont vu les photos de personnes peu vêtues, le mPFC n’était pas activé. En fait, la réaction automatique dans leur cerveau suggérait qu’ils ne percevaient pas les personnes sexualisées comme des êtres humains à part entière, mais simplement comme une somme de parties corporelles.
Ils ne percevaient pas les personnes sexualisées comme des êtres humains à part entière, mais simplement comme une somme de parties corporelles.
Comment la pornonographie affecte nos relations
Plus d’infidélité et de divorces
Quel est le secret d’une vie de couple réussie ? Une grande étude[3] de 2016 a suivi des couples sur une période de six ans, de 2006 à 2012, pour voir quels facteurs influençaient la qualité de leur mariage et plus particulièrement la satisfaction de leur vie sexuelle.
Les chercheurs ont constaté que, parmi tous les facteurs considérés, l’utilisation de matériel pornographique était le deuxième indicateur le plus fort de la détérioration d’un mariage. En outre, les mariages les plus touchés étaient ceux des personnes qui regardaient beaucoup de pornographie, une fois par jour ou plus.
Quant aux couples non mariés, des recherches[4] en 2011 ont révélé que ceux qui regardent de la pornographie ensemble connaissent étonnamment un taux d’infidélité deux fois plus élevé que les couples où les partenaires la regardent seuls, et trois fois plus élevé que les couples où les deux partenaires n’en regardent pas du tout.
Enfin, un article publié en 2009 dans l’American Academy of Matrimonial Lawyers (avocats spécialisés dans les causes de divorce) a indiqué que 56 % des divorces impliquaient une partie ayant « un intérêt obsessionnel pour les sites web pornographiques ». Une décennie plus tard, la situation ne s’est probablement pas améliorée.
Moins de plaisir et d’amour
Dans l’une des études[5] les plus complètes jamais réalisées sur la consommation de pornographie et publiée dans le Journal of Applied Social Psychology, les chercheurs ont constaté qu’après avoir été exposés à du matériel sexuel « softcore » (suggestif, mais non explicite), les hommes comme les femmes étaient nettement moins satisfaits de l’apparence et des performances sexuelles de leur partenaire. Je vous laisse deviner les effets lorsqu’il s’agit de matériel explicite !
D’autres recherches publiées dans The Social Costs of Pornography[6] en 2010 ont également montrés que les consommateurs de pornographie déclarent ressentir moins d’amour pour leur partenaire ou leur conjoint que ceux qui n’en consomment pas. Pour attiser la flamme, consommez plutôt du chocolat !
Plus de déviances
Lors d’une enquête réalisée en 2012 par NoFap auprès de 1500 hommes, 56 % d’entre eux ont déclaré que leurs gouts en matière de porno étaient « de plus en plus extrêmes ou déviants » à mesure qu’ils regardaient des vidéos pornographiques.
Selon les scientifiques[7] du Journal of Adolescent Health, cela s’explique par le fait que le cerveau des consommateurs réguliers de pornographie s’habitue rapidement aux images qu’ils ont déjà vues, et qu’ils doivent constamment passer à des formes plus extrêmes pour être excités par celle-ci.
Après un certain temps, de nombreux utilisateurs se trouvent ainsi excités par des choses qui les dérangeaient auparavant et qui vont même à l’encontre de ce qu’ils pensent être « éthiquement acceptable » comme la bestialité ou la pédophilie.[8]
Moins de libido
En France, une enquête de médecins sexologues, menée auprès de 1957 hommes en 2019, a révélé que de plus en plus d’hommes souffrent de dysfonction érectile. En effet, 55 % des hommes qui regardent tous les jours ou presque des vidéos pornographiques affirment avoir des troubles de l’érection.
Au Royaume-Uni, le docteur Andrew Smiler observe quant à lui une augmentation des problèmes de dysfonctions érectiles chez les jeunes de 13 à 25 ans causées par une consommation régulière de pornographie. Autour de 10 % des jeunes adultes seraient selon lui aujourd’hui affectés.
55 % des hommes qui regardent tous les jours ou presque des vidéos pornographiques affirment avoir des troubles de l’érection.
Une certaine lueur d’espoir toutefois, la psychothérapeute Angela Gregory de l’hôpital universitaire Nottingham considère qu’il faut cesser pendant au moins trois mois toute masturbation et consommation de matériel pornographique pour retrouver l’usage « normal » de ses fonctions sexuelles.
Plus de sexe ?
L’industrie pornographique promet un monde virtuel hypersexualisé : plus de sexe et du meilleur sexe. Mais ce que cette industrie ne mentionne jamais, c’est que plus un consommateur s’enfonce dans ce monde imaginaire, plus sa réalité risque de devenir exactement le contraire de ce qu’on lui promet.
Des études publiées entre autres dans le Journal of Sex Research[9] et Psychology Today[10] montrent que la consommation de pornographie conduit au contraire le plus souvent à moins de sexe et à des rapports sexuels moins satisfaisants.
Le plus paradoxal, c’est que pour de nombreux utilisateurs accros, la porno finit par signifier plus de sexe du tout !
Alors pour embraser votre prochaine soirée romantique, fermez vos écrans et allumez plutôt des bougies !
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Pour découvrir des dizaines d’autres études sur le sujet, visitez : https://fightthenewdrug.org
Et regardez leur excellent documentaire : https://brainheartworld.org
[1] Kraus, Shane W.; Voon, Valerie; Potenza, Marc N. (2016-02-19). « Should compulsive sexual behavior be considered an addiction? ».
Kühn, S; Gallinat, J (2016). Neurobiological Basis of Hypersexuality. International Review of Neurobiology. 129. pp. 67–83.
[2] Cikara, M., Eberhardt, J.L. & Fiske, S.T. (in press). From agents to objects: Sexist attitudes and neural responses to sexualized targets. Journal of Cognitive Neuroscience.
[3] Perry, S. (2016). Does Viewing Pornography Reduce Marital Quality Over Time? Evidence From Longitudinal Data. Archives Of Sexual Behavior, 46(2), 549-559.
[4] Maddox, A. M., Rhoades, G. K., & Markman, H. J. (2011). Viewing Sexually-Explicit Materials Alone Or Together: Associations With Relationship Quality. Archives Of Sexual Behavior, 40(2), 441-448.
[5] Zillmann, D. and Bryant, J. (1988). Pornography’s Impact on Sexual Satisfaction. Journal of Applied Social Psychology 18, 5: 438–53.
[6] Bridges, A. J. (2010). Pornography’s Effect on Interpersonal Relationships. In J. Stoner and D. Hughes (Eds.) The Social Costs of Pornography: A Collection of Papers (pp. 89–110). Princeton, NJ: Witherspoon Institute.
[7] Zillmann, D. (2000). Influence of Unrestrained Access to Erotica on Adolescents’ and Young Adults’ Dispositions Toward Sexuality. Journal of Adolescent Health 27, 2: 41–44.
[8] Seigfried-Spellar, Kathryn C.; Rogers, Marcus K. (2013-09-01). « Does deviant pornography use follow a Guttman-like progression? ». Computers in Human Behavior. 29 (5): 1997–2003.
[9] Elizabeth M. Morgan, “Associations between Young Adults’ Use of Sexually Explicit Materials and Their Sexual Preferences, Behaviors, and Satisfaction,” Journal of Sex Research 48, no. 6 (2011): 520–530.
[10] Robinson, M. and Wilson, G. (2011). Porn-Induced Sexual Dysfunction: A Growing Problem. Psychology Today, July 11.