maladie mentale
Le Joker dans The Dark Knight de Christopher Nolan. Photo : Allstar/Warner Bros/Sportsphoto Ltd.

Ces fausses images de la maladie mentale

Qu’il fasse œuvre de fiction ou qu’il s’inspire de faits réels, le cinéma déforme souvent la réalité afin de la rendre plus attrayante pour son public. Ce dernier s’en trouve généralement satisfait. Cependant, lorsque les réalisateurs s’inspirent des maladies psychiques graves et permanentes pour produire leurs films, les conséquences peuvent s’avérer dramatiques.

Si l’on fait abstraction des différents symptômes dont souffrent les personnes atteintes de maladies mentales, ce qui les handicape le plus lourdement, ce sont surtout des réalités comme le regard des autres et les préjugés.

Or, la télévision et le cinéma, avec leurs téléséries et leurs films, véhiculent des stéréotypes au sein de la population. Ces stéréotypes entretiennent la peur et provoquent des réflexes de protection de la part des spectateurs.

L’approximation est reine

Les différentes études sur la représentation de la maladie mentale dans les films prouvent que trop souvent les réalisateurs n’ont qu’une idée très superficielle de la réalité psychotique.

Le plus souvent, l’approximation est reine, et même lorsque des diagnostics sont énoncés, leur représentation ne correspond pas à la réalité.

Édouard Zarifian

À ce sujet, le psychiatre Édouard Zarifian écrit : « Rares sont les films qui s’attachent à une description clinique d’une pathologie caractérisée. Le plus souvent, l’approximation est reine, et même lorsque des diagnostics sont énoncés, leur représentation ne correspond pas à la réalité. Ce qui est spectaculaire est nécessairement privilégié : les crises, les hallucinations, les délires, mais aussi les dédoublements de la personnalité, qui constituent des énigmes très visuelles. 

Pour nous convaincre de la véracité de cette affirmation, nous n’avons qu’à nous rappeler les différents films qui, bien qu’ayant connu un grand succès, ne reflètent en rien la réalité des personnes aux prises avec la maladie psychique : Le silence des agneaux, Vol au-dessus d’un nid de coucou, The Dark Knight ou encore Un homme d’exception.

Comme le fait justement remarquer le site du ministère de la Santé et des Services sociaux, la folie illustrée dans ces films « n’a aucun ancrage dans la réalité et ne sert que la trame du film. Pourtant, le cinéma ou la télé s’inspirent parfois de faits réels et, tout en donnant un ton dramatique au récit, sont capables de refléter la réalité ».

Heureuses exceptions

Heureusement, bien qu’ils soient rares, des films de fiction abordent les maladies psychiques d’une manière juste. C’est le cas du film Clean Shaven.

Cette œuvre cinématographique a reçu de très belles critiques dès sa diffusion. Elle raconte l’histoire d’un schizophrène qui, après un séjour à l’hôpital psychiatrique, part à la recherche de sa fille placée dans une famille d’accueil.

Selon Marie-Ève Cotton, psychiatre au Programme des troubles psychotiques de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, « le film fait vraiment vivre l’expérience d’une personne qui entend continuellement des voix dans sa tête. Et c’est extrêmement angoissant. Le film dure 90 minutes et, à la fin, nous sommes épuisés ».

Chez nous, sur son site Internet, l’Office national du film offre la possibilité d’acheter ou de louer cinq films pour mieux comprendre la maladie mentale. Il s’agit de documentaires plus fidèles aux vécus des personnes atteintes par une maladie mentale.


Yves Casgrain

Yves est un missionnaire dans l’âme, spécialiste de renom des sectes et de leurs effets. Journaliste depuis plus de vingt-cinq ans, il aime entrer en dialogue avec les athées, les indifférents et ceux qui adhèrent à une foi différente de la sienne.