Lynn Avedikian
Photo : Kristina Bastien

Lynn Avedikian, mannequin: « Si tu existes, je veux te connaitre. »

Jeune mannequin à Montréal, Lynn Avedikian a toujours cherché à être aimée, aussi bien par les hommes que sur les réseaux sociaux. Mais à 21 ans, elle a été saisie par un amour qui dépasse tout ce qu’elle pouvait imaginer. Un amour qui a changé l’image qu’elle avait d’elle-même et la gloire qu’elle cherchait. Un amour qui a changé jusqu’à sa propre manière d’aimer. 

Lynn Avedikian
Photo : Kristina Bastien
Tu as des origines arméniennes et ta famille a immigré du Liban au Canada quand tu avais 10 ans. Est-ce que la foi était présente dans ton enfance et ton adolescence ?

Je dirais que ma famille vivait dans la culture chrétienne plus que dans la foi chrétienne. On fêtait Noël et Pâques, mais on n’allait pas à l’église chaque dimanche. Je me souviens que je me posais souvent la question : pourquoi les gens croient en ce qu’ils croient ?

Mais à l’adolescence, la culture ambiante a pris le dessus. J’ai commencé à sortir avec des gars et j’ai cessé de croire. Je me disais : « Dieu n’existe pas. » Je voulais être aimée et je cherchais à me valoriser. Je croyais plutôt : « Je suis la meilleure, la plus cool de toutes les filles. » J’étais de plus en plus centrée sur moi-même. Ma fierté et mon égo m’aveuglaient : « Je suis mannequin, je suis belle, je peux attirer qui je veux. Je peux faire tomber n’importe quel gars amoureux de moi. » Cela a duré de 17 à 21 ans, jusqu’à ce qu’en 2019 je sente pour la première fois l’Esprit Saint.

Peux-tu nous raconter ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Plus j’allais profondément dans toute cette aventure de séduction, plus je donnais mon corps à plusieurs personnes, plus je me sentais vraiment vide et plus je voyais que j’allais foutre ma vie en l’air. Jusqu’à ce que je me retrouve dans une relation vraiment toxique des deux bords. Et là, j’ai réalisé que je m’étais fait prendre à mon propre jeu.

Alors, un jour, j’ai lancé cette phrase vers le ciel : « S’il y a quelqu’un là-haut, donne-moi un signe et montre-moi que tu es réel, parce que je pense que je vais dans une mauvaise direction. » BAAAM ! Tout d’un coup, j’ai pris conscience que je n’allais pas bien du tout. J’ai raconté mon histoire à ma mère et on a pleuré ensemble. Mais malgré ça, je suis restée triste. Je me demandais toujours ce qu’est le but de la vie.

Cet article est d’abord paru dans notre magazine de novembre 2021. Cliquez sur cette bannière pour y accéder en format Web.
Et qu’est-ce qui t’a empêchée de sombrer dans le désespoir ?

J’étais encore prise dans le mensonge, jusqu’au jour où j’ai parlé avec une de mes amies à l’université, qui s’appelle Ruth. Elle était vraiment joyeuse, elle riait, et pourtant, elle me racontait son histoire pleine de grands combats, qui n’est pas du tout une vie d’arc-en-ciel et de papillons. Et je lui ai demandé : « Ruth, comment fais-tu pour être heureuse tout le temps ? » Elle m’a répondu : « Ce n’est pas moi, c’est Dieu. Tu devrais venir à l’église avec moi. » Mais je lui répondais : « Pas question. La religion, pour moi, c’est quelque chose qui a été construit par la société. Je sais déjà tout sur Jésus, je n’ai pas besoin que tu m’expliques. » Mais une graine avait tout de même été semée en moi, et quelques mois plus tard, j’ai enfin accepté son invitation et je suis allée à son église chrétienne à Laval.

Lynn Avedikian
Photo : Kristina Bastien

Il devait y avoir 250 personnes dans la salle et un band de musique. Tout le monde était uni et louait Dieu. C’était tellement différent de ce que je connaissais. Puis le pasteur s’est mis à parler du déclin spirituel, et les passages bibliques qu’il avait choisis ce jour-là étaient exactement ce que j’avais besoin d’entendre. C’était comme s’il parlait juste pour Lynn Avedikian. J’ai commencé à pleurer, pleurer et pleurer. Et quand la louange a recommencé, j’ai eu des frissons de la tête aux pieds. Je me disais : « Qu’est-ce qu’il se passe ? Ça ne vient pas de moi. » Et là, je me suis dit : « Dieu existe et je pense que Jésus est Dieu et qu’il est mort pour moi. » C’était trop beau. Je sais que, quand on n’est pas croyant, on ne peut pas comprendre tout ça, que j’ai l’air folle de parler comme ça. Mais je peux juste dire que je ressentais une énergie forte, un amour comme je ne m’étais jamais sentie aimée.

Au fond, c’est un peu cet amour-là que tu cherchais auparavant aussi ?

Exact ! Mais un amour qui te remplit d’une façon indescriptible. C’est un amour tellement constant. Ce n’est pas psychologique, c’est vraiment quelque chose qui vient de l’extérieur. J’ai essayé d’en douter, de me dire : « Et si ce n’était pas vrai ? Et si j’ai juste été emportée par la musique ? » Mais non. Parce qu’après ça, toute ma vie a changé. J’ai fait une promesse à Dieu : « OK, Dieu, maintenant, je veux marcher avec toi. Je ne veux plus donner mon corps à personne, sauf à l’homme de ma vie. » J’ai fait cette promesse, et jusqu’à maintenant je l’ai gardée grâce à lui. C’est vraiment un parcours spécial quand tu donnes ta vie à Jésus.

Quelle est la plus grande différence entre ta vie avec Dieu et ta vie sans Dieu ?

Pour moi, sans Dieu, j’étais tellement centrée sur moi que je ne voyais pas ce qu’il se passait autour de moi. Je pouvais être gentille, je pouvais servir, mais je ne servais pas de tout mon cœur. Maintenant, avec Dieu, je fais tout pour lui… même ranger ma chambre !

J’ai envie de faire du bien pour la gloire de Dieu et non pour moi. Je ne sais pas comment expliquer, mais la différence est au niveau du cœur, comme s’il avait changé.

J’ai envie de faire du bien pour la gloire de Dieu et non pour moi. Je ne sais pas comment expliquer, mais la différence est au niveau du cœur, comme s’il avait changé. Je vois les gens qui passent dans la rue et je me dis : « Wow ! Dieu les aime ! » Je comprends mieux les autres aussi dans leurs difficultés. Je vois qu’ils sont brisés comme moi, qu’ils ont besoin d’amour autant que moi. Bref, je dirais qu’on aime mieux avec Dieu que sans Dieu. Et cela, je l’ai vécu concrètement avec mon frère qui est autiste.

Photo : Kristina Bastien
On peut s’imaginer que vivre avec des personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme comporte son lot de défis. Ta relation avec ton frère s’est-elle transformée tout de suite après que tu as été saisie par l’amour de Dieu ?

C’est difficile à admettre, mais non. J’entretenais depuis longtemps une haine envers mon frère. « Pourquoi il y a des gens qui sont nés comme ça ? » Mon frère souffre et toute notre famille en souffre aussi. Je voyais toujours le côté négatif. Et cela a continué même après avoir gouté à l’amour de Dieu. J’avais des idées sombres. Je me disais : « S’il meurt, il n’y a plus de souffrance, lui ne souffre plus, moi je ne souffre plus, ma mère et mon père ne souffrent plus. »

Un jour – c’était après ma conversion –, j’ai eu une grosse chicane avec mon frère. Il criait et je l’ai frappé. Là, j’ai réalisé : « Tu es convertie, mais tu n’es pas meilleure, non ! » Ce jour-là, je me suis enfermée dans ma chambre et je me suis mise à genoux et j’ai prié longtemps : « Dieu, guéris-moi. Fais-moi voir ce que tu vois, fais-moi sentir ce que tu sens, et fais-moi aimer comme tu aimes. »

Le lendemain, en me réveillant, j’ai vu mon frère comme quelqu’un de tellement beau et fragile et j’ai senti le désir de le protéger. Mes idées noires sont parties et je passe maintenant beaucoup plus de temps avec lui. J’essaie de comprendre d’où il vient, parce que lui aussi, il souffre, il n’a pas d’amis. Je veux être son amie comme Jésus est son ami. Aujourd’hui, il est une bénédiction dans ma vie.

Est-ce que ta foi a aussi changé ton rapport à ton travail dans le monde de la mode ?

Oui, cela a changé beaucoup de choses ! Avant ma rencontre avec Dieu, mon identité tournait tout autour de mon travail : avoir des contrats, avoir plus d’abonnés sur Instagram, publier des trucs toujours plus séduisants. Je pensais que j’étais faite seulement pour plaire, être une femme fatale. J’avais vraiment pris cette identité dans cette industrie où la beauté et l’image trônent.

Mais aujourd’hui, je vois que je suis tellement plus que mon image ! Je suis intelligente, je suis drôle, je suis gentille. Désormais, mon identité dépasse mon travail. Si je perds ce travail, mon identité d’enfant de Dieu, elle, restera toujours.

Lynn Avedikian
Photo : Kristina Bastien

Enfin, même si je ne veux pas faire ça toute ma vie, je pense qu’en ce moment Dieu m’appelle à être comme une lumière ou un grain de sel dans cette industrie. Si je peux avoir sur des gens un impact positif à travers qui je suis et même à travers les réseaux sociaux pour montrer l’amour de Dieu, alors pourquoi pas !

Comment fais-tu pour rester fidèle à tes principes dans cet univers pas toujours facile ?

La lecture de la Bible et la prière m’aident beaucoup. J’essaie de me poser plus de questions avant de publier sur les réseaux sociaux : c’est quoi le but de cette photo ? Est-ce que je glorifie Dieu en ce que je fais ? Je dis toujours : « Dieu, tu es mon agent, choisis mes contrats ! Si ce n’est pas un contrat pour moi, sors-moi de là. » Je m’entoure enfin de personnes qui n’ont pas peur de me dire la vérité si je dérape.

Malgré tout, c’est vraiment dur. Avant cette entrevue, par exemple, j’ai pensé : « Les gens vont me juger. Je risque de perdre des abonnés. » Il y a une bataille entre la chair et l’esprit. Mais dans le fond, je m’en fous si je perds des abonnés, j’ai l’amour de Dieu ! Ce n’est pas ma gloire, mais sa gloire qui compte.

Tu as commencé à lire la Bible. Est-ce qu’il y a un passage qui te touche davantage ?

Ce qui me vient à l’esprit, c’est quand Jésus dit dans l’évangile selon saint Jean : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » C’est tellement un beau rappel de l’amour de Dieu ! Dieu n’est pas un dictateur, il vient nous sauver.

Si quelqu’un désire expérimenter l’amour de Dieu comme tu l’as fait, qu’est-ce que tu lui conseillerais ?

Demande-lui simplement : « Si tu existes, montre-moi qui tu es. Je veux te connaitre ! » Aussi simple que ça.

Photo de couverture : Kristina Bastien

Simon Lessard

Simon aime engager le dialogue avec les chercheurs de sens. Diplômé en philosophie et théologie, il puise dans les trésors de la culture occidentale, combinant neuf et ancien pour interpréter les signes des temps. Il est responsable des partenariats au Verbe médias.