bande de prêtres
Photo : Bande de prêtres

Bande de prêtres

Guitare, batterie, cuillères et harmonica, ils sont quatre prêtres à se rassembler pour faire de la musique. Reprenant des chants de l’Emmanuel façon pop rock, samba, hébraïque, jazz ou reggae, Bande de prêtres a lancé son quatrième single le 15 aout dernier. Le Verbe a pu s’entretenir avec deux de ces prêtres, soit le père Martin Lagacé et le curé Brice Petitjean de la paroisse Saint-Thomas-d’Aquin. 

Le Verbe : En tant que fondateur et directeur artistique du projet, d’où est venue l’idée de créer Bande de prêtres ? 

Père Martin : C’est avec Lumière de la joie1 que tout a commencé, c’est un peu le germe de Bande de prêtres. On faisait de la louange dans le salon du presbytère depuis un moment déjà, puis je nous ai écoutés et je me suis dit qu’il fallait mettre ça en ligne. On a donc lancé la louange en ligne avec Lumière de la joie, puis est arrivée la pandémie qui a accéléré les choses. On s’est dit que c’était un temps extraordinaire et qu’il fallait donc faire des choses extraordinaires pour réconforter les chrétiens. Les musiciens ont embarqué dans le projet, on est allés solliciter un caméraman et un ingénieur de son et puis tout un édifice s’est créé. 

Le Verbe : Quelle est la mission du band ? 

Père Martin : Le ministère musical c’est un projet qui est en moi depuis longtemps. L’idée c’est d’avoir une pastorale artistique dans notre paroisse, dans notre communauté de l’Emmanuel, et d’ainsi repérer les talents, les encourager, les soutenir, les former dans la mesure où on peut et de donner des lieux d’expression aux artistes qu’on accompagne ainsi spirituellement. On a des professionnels dans notre paroisse qui peuvent faire de belles choses et monter en qualité. C’est pour ça que Bande de prêtres c’est un peu le brise-glace de ce ministère.  

On souhaite amorcer une culture de la louange au Québec.

Père Brice

Père Brice : On souhaite, de plus, amorcer une culture de la louange catholique en français au Québec, puisque ça n’existe quasiment pas ici. Je crois que le terrain est prêt pour ça, car la culture québécoise aime beaucoup le folklore et la musique. S’il n’y a pas encore un tel groupe de musique au Québec, c’est parce qu’on n’a pas assez évangélisé ou accompagné les artistes pour qu’ils se lancent là-dedans.

Le Verbe : Si je comprends bien, vous aimeriez que les paroissiens s’investissent à leur tour dans Bande de prêtres ?

Père Martin : Oui, par l’entremise de Bande de prêtres, on veut dire aux gens : « Voyez, nous on est des amateurs et on fait quelque chose qui se rapproche du professionnalisme, vous pouvez aussi le faire ». 

On ouvre ainsi une voie et on espère que les gens qui aimeraient monter en professionnalisme, sans qu’ils aient nécessairement une vision de carrière, puissent s’épanouir et rendre service à l’Église. En d’autres mots, on souhaite engendrer une nouvelle génération d’artistes qui sentiront que l’Église les reconnait comme une chance, comme un trésor. 

La musique c’est un ministère. Ce n’est pas quelque chose que tu dois seulement faire quand tu as du temps. 

Père Martin
Le Verbe : Pourquoi l’art ? 

Père Martin : L’art, ça devient comme une plus-value, une coquetterie quand on a du temps, mais ça ne devrait pas l’être. C’est là que j’ai convaincu mon curé : la musique c’est un ministère, tu vas toucher des âmes, tu vas convertir, nourrir, sanctifier, guider par le truchement de la musique et des arts. Ce n’est pas quelque chose que tu dois seulement faire quand tu as du temps. 

Père Brice : J’ai moi-même expérimenté la puissance de la musique dans ma vie chrétienne auparavant, c’est pour ça que j’ai confirmé Martin dans son intuition de l’importance d’un ministère musical. Pour moi, il est évident qu’une bonne musique ça transcende, ça élève. Aujourd’hui, quand je retrouve dans la liturgie le traditionnel orgue écrasant, je trouve que ça stérilise l’esprit. Ça nous remet dans un mindset d’il y a 10-15 ans qui nous enterre, qui nous ramène à un style de vie chrétien endormi. Or, la louange a ce pouvoir de réveiller l’esprit. 

Le Verbe : Sans compter Spotify, Apple Music et Deezer, vos trois vidéos ont atteint 9 100 vues sur YouTube seulement. Vous attendiez-vous à un tel succès ? 

Père Martin : Non, je ne m’y attendais pas ! Notre manager n’en revenait pas et nous disait que c’était incroyable pour un début. Beaucoup d’artistes essayent de décoller et retombent régulièrement, nous, nous avons rapidement atteint les 4 000 vues avec un seul vidéo ! 

Père Brice : Moi, je m’attendais à ça. Avec tout le temps et l’investissement qu’on a mis dans ce projet, si nous n’avions pas atteint les 10 000 vues ou remarqué que ça portait fruit, nous n’aurions pas continué ! (Rires) Mais on ne pensait pas que ça se rendrait à l’international ! Notre ambition est d’abord d’évangéliser au Québec, mais ça a aussi eu un impact ailleurs. Je suis allé en France cet été et j’ai vu que ce qu’on a fait ici a fait pousser des choses à différentes places là-bas et en Allemagne. Cette stimulation entre artistes catholiques est exactement le but de Bande de prêtres.

Le Verbe : Comment expliquez-vous ce succès ? 

Père Martin : C’est certain que le grand réseau de l’Emmanuel y est pour quelque chose. Il y a aussi le fait qu’on est catholiques et que les croyants attendent ça, ont besoin de ça. Finalement, voir des prêtres faire du rock and roll de qualité c’est original, c’est une bombe médiatique en soi ! C’est pour ça qu’on n’a pas eu besoin de trouver notre originalité comme beaucoup d’artistes, elle est là depuis le début, elle est en quelque sorte ontologique chez nous.  

Le Verbe : Pensez-vous poursuivre longtemps avec Bande de prêtres ou passerez-vous éventuellement le flambeau aux paroissiens ?

Père Brice : On ne sait pas encore, ça va dépendre de nos missions dans l’avenir et du temps qu’on aura. Mais pour ne rien te cacher, on a été invités à Paray-le-Monial, l’année prochaine, pour un festival œcuménique. Cela dit, on va donc surement encore travailler cette année (rires). À la grâce de Dieu, on se laisse guider.

Mais c’est clair que, pour que ce soit reproductif, il faudra que des jeunes prennent le flambeau. C’est pourquoi on s’est équipés pour qu’il y ait des instruments disponibles pour les artistes qui veulent s’entrainer, jouer, s’enregistrer. C’est certain qu’on veut que notre équipe s’ouvre et que les jeunes comme les moins jeunes viennent chanter avec nous, on ne cherche pas à créer un star-système où seulement quelques personnes sont mises de l’avant. 


Frédérique Bérubé

Mangeuse d’actualité et adepte d’écriture, Frédérique Bérubé aspire à devenir correspondante à l’étranger. Ayant complété un baccalauréat en communication publique à l’Université Laval, elle poursuit actuellement ses études à la maîtrise en journalisme international. Concernée par les enjeux internationaux et attirée par les rencontres humaines multiculturelles, elle désire sillonner le monde pour partager ses découvertes.