The Chosen

The Chosen, une série catholiquement correcte

*** AVERTISSEMENT : Cet article comporte une pléthore de divulgâcheurs. ***

Je l’admets, j’ai levé le nez sur la série chrétienne The Chosen pendant plus d’un an. Et maintenant, je l’avoue, je suis accro et je #bingeJesus1 régulièrement.

Je croyais que ce serait une petite série proprette avec une belle morale chrétienne, mais non.

La distribution est incroyable, les acteurs excellents. Jésus (Jonathan Roumi) est crédible, attachant, profond : il rit, il danse, il fait des blagues, il est imprévisible et ne dit jamais de quoi demain sera fait (un running gag dans la série), il rappelle à l’ordre ses disciples surprotecteurs et orgueilleux qui ne comprennent rien et se chamaillent tout le temps, il s’élance dans les bras de sa mère, il joue avec les enfants, et quiconque se laisse regarder par lui est transpercé jusqu’aux tréfonds de ses entrailles.

Le plus mystérieux, c’est la façon dont les créateurs restent collés à l’Évangile tout en se permettant une très grande liberté artistique.

D’un épisode à l’autre, on est dans l’expectative ; le scénario est digne des meilleures séries Netflix et l’action vous fait passer des rires aux larmes en moins de deux. Tout ça, avec une bande sonore aux accents méditerranéens portée par la voix envoutante de la chanteuse de pop et de R&B américaine originaire du Ghana, Ruby Amanfu.

Liberté artistique et fidélité évangélique

Le plus mystérieux, c’est la façon dont les créateurs restent collés à l’Évangile (Jésus est vrai Dieu et vrai homme ; il le sait et il annonce qu’il est ici pour quelque chose de plus grand que ce que l’on peut voir) tout en se permettant une très grande liberté artistique.

On met le doigt sur une scène qui, dans la Bible, s’écrit en deux versets, par exemple, l’exorcisme de Marie de Magdala, et on extrapole tout autour en entrant dans la vie des personnages, de leur passé, de leurs luttes intérieures, leurs blessures, et leurs relations tendues. 

Autre exemple : ce Nicodème (excellent Erick Avari) qui se débat entre une épouse qui tient à conserver son prestige, et son désir fou de tout abandonner pour suivre Jésus. Des scènes qui ont de quoi remuer l’âme et les souvenirs de toute personne qui a fait, pour vrai, dans sa vie, la rencontre de Jésus.

La place de Marie

Plus beau que tout cela peut-être, est la place qu’occupe Marie, mère de Jésus, tout au long de la série. Comme catholique, je m’étais préparée mentalement à ce que Marie soit mise de côté, puisque les créateurs sont évangéliques. 

Or, les moments les plus forts mettent en scène Jésus avec sa mère. 

Le recouvrement de Jésus au temple est lié aux noces de Cana. La demande de Marie à son fils bouleverse : à treize ans, à sa demande, Jésus décidera d’attendre avant de « s’occuper des affaires de son Père » ; à 30 ans, à sa demande encore, il commencera son ministère, marquant ainsi un point de non-retour. On pleure devant ces deux cœurs unis de Jésus et de Marie. 

The Chosen

Une autre scène à vous fendre l’âme se passe autour du feu, le soir, alors que Marie raconte aux disciples la naissance de Jésus. 

Jésus est plus loin, sous une tente, à guérir sans arrêt depuis le levé du jour. Elle avoue qu’il lui arrive d’être attristée, parfois, comme mère, de constater que Jésus n’a plus vraiment besoin d’elle. Puis, arrive Jésus, exténué, il titube jusqu’à sa tente, s’accroche aux cordages et peine à dénouer ses sandales. Tout le monde le regarde, pétrifié. 

Qui voit-on accourir pour l’aider ? Marie. « Que ferais-je sans toi, maman ? », lui dit-il doucement, en se laissant laver les pieds, les mains et le visage par sa mère, préfigurant Marie, au calvaire, et à la mise au tombeau.

« Laisse-moi t’emmener à lui »

Puis, la scène où Pierre et Mathieu ramènent Marie de Magdala d’une taverne. À peine dessoulée, elle veut demander pardon à Jésus, mais n’ose pas, submergée par la honte. « Est-ce trop tôt ? » demande-t-elle à Marie. « Non, répond la mère, laisse-moi t’emmener à lui ».

Elle recouvre la tête de la repentante avec son voile (!), lui prend la main et la fait entrer sous la tente de Jésus (son tabernacle). Pendant que Marie, toute contrite, confesse son péché, la mère se tient à leurs côtés, en prière, les yeux clos. 

J’étais estomaquée. Je ne sais pas ce que mes frères et sœurs évangélistes penseront de cette scène, mais je crois que si des guerres d’incompréhensions s’élèvent si souvent entre chrétiens, l’Esprit saint, lui, ne s’en formalise pas. 

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The Chosen est financé par le public. Chaque sortie d’épisode est un évènement en livestream, sur YouTube ou Facebook. Tout est gratuit.

On peut télécharger l’application en cliquant ici


Brigitte Bédard

D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.