pow-wow wendake
Photo : Laurence B.-Lamarche/Le verbe

Pow-wow international de Wendake : rencontre entre les traditions

Chaque année, à la fin du mois de juin, a lieu le Pow-wow international de Wendake, une grande fête où les Premières Nations des quatre coins du Québec et de l’Amérique du Nord se rencontrent. Les allochtones sont également invités à découvrir la culture des différentes communautés. Le Verbe s’y est rendu pour constater l’esprit de partage qui caractérise l’événement.

Nous avons à peine mis les pieds dans le stationnement de l’amphithéâtre de Wendake que nous entendons déjà le son du grand tambour et des chants qui résonnent d’en-bas. Le concours de danse est commencé.

Le son prend de l’ampleur à mesure que nous descendons l’escalier qui mène à la rivière Akiawenrahk (Saint-Charles). Comme guidés par un appel, nous remettons à plus tard notre exploration des diverses tentes où sont exposés les produits des arts propres aux nombreuses communautés représentées, pour poursuivre notre route au travers de la foule. Les regalia que portent les danseurs impressionnent d’emblée par leurs couleurs et leurs ornements de toute sorte. Ce vêtement a une signification profonde et presque sacrée pour celui ou celle qui le porte.

La compétition de danse traditionnelle constitue l’activité centrale du pow-wow. Les spectateurs sont disposés dans un grand cercle et au milieu se succèdent les différentes catégories de danseurs (hommes, femmes, aînés, enfants). L’animateur assure le bon déroulement de l’événement, et entre chaque catégorie, il invite tous les spectateurs à descendre au centre du cercle pour entrer eux aussi dans la danse. Ce moment festif, où les membres des différentes nations se mélangent aux allochtones dans une danse commune, est un magnifique symbole de l’idée de rencontre qui se trouve derrière le pow-wow.

Une pratique longtemps interdite

Les pow-wow sont pratiqués depuis le début du 19e siècle. À l’origine, les guerriers exécutaient des danses pour célébrer leurs exploits. Or, les Européens percevaient celles-ci comme des appels à la guerre, ce qui explique en partie pourquoi elles ont été interdites, et ce, dès l’apparition de la Loi sur les Indiens, en 1876. Par la suite, des amendements successifs ont confirmé cette interdiction, et ce n’est qu’en 1951 que ces manifestations culturelles ont été de nouveau permises.

Aujourd’hui, les pow-wow ont une grande signification pour les membres des communautés autochtones. Pour Anton, qui assiste à plusieurs de ces évènements chaque année et qui aimerait éventuellement y participer en tant que danseur, cela fait partie d’un processus de guérison, « pour nous-mêmes, individuellement, et aussi comme peuple ».

Un plaisir pour tous les sens

Nous retournons vers le sentier des artisans, une longue série de stands où se déploient diverses traditions artisanales : sculpture sur bois, fabrication de bijoux, de mocassins, de couteaux, d’objets en céramique, de bouquets d’herbes médicinales, etc. Il y a de quoi être fasciné par cet éventail de savoir-faire ancestral, et la fierté de ceux qui l’exercent.

L’odeur de la viande de gibier qui cuit au-dessus du feu nous appelle à son tour. On peut déguster des morceaux de porc-épic et de castor, entre autres viandes inusitées. Découvrir et partager ainsi le fruit de l’art culinaire autochtone donne encore une autre dimension à l’expérience.  

Le soir, dans le grand amphithéâtre, ce sont les spectacles musicaux qui ravissent le public, avec le bruit de la chute Kabir Kouba en arrière-fond sonore.

Une messe qui sort de l’ordinaire

De l’autre côté du boulevard Bastien se dresse l’église de Notre-Dame-de-Lorette, érigée vers 1730 et reconstruite en 1865 à la suite d’un incendie. On y trouve un autel dédié à sainte Kateri Tekakwitha ainsi que plusieurs éléments symboliques de la culture huronne-wendat (un canoë, des peaux, etc.), qui côtoient les représentations classiques de la liturgie catholique. C’est dans ce lieu que nous sommes accueillis, ainsi que de nombreux fidèles, le dimanche matin pour une messe toute spéciale, qui vise à conjuguer foi catholique et rituels hurons-wendat.

Par exemple, des danseurs, au rythme du tambour, accompagnent les célébrants lors de la procession d’entrée. Les mémoires de Prosper Vincent, premier prêtre huron, et de Joseph Chiwatenhwa, l’un des premiers prédicateurs du temps de la colonie, sont souvent évoquées puisque ces figures font le pont entre les deux cultures. Au moment du rite pénitentiel catholique, une cérémonie de purification autochtone a également lieu.

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Dans cette cérémonie, un danseur entre en scène portant un coquillage contenant des herbes qui brulent. Il se promène dans l’assistance et, à l’aide d’un instrument fait de plumes, envoie la fumée vers chacune des personnes présentes. Tous prennent le temps de diriger la fumée autour de leur visage, pendant que le tambour bat le rythme et accompagne un chant en langue huronne.

L’assemblée vibre alors aux pas des danseurs et au son du tambour, comme si, dans ce rite, s’incarnait toute la vitalité d’un peuple résilient qui n’a jamais cessé d’exister, au fil des épreuves et des souffrances. C’est une expérience puissante.

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Des ponts à reconstruire

Si de tels gestes peuvent laisser entrevoir la possibilité d’une réconciliation, Mgr Pelchat, qui a célébré la messe du pow-wow en 2024, admet que le chemin du pardon peut être long et ardu. « Pour nous, l’important, c’est de manifester que nous sommes présents et ouverts au dialogue. » Il faut tâcher de « reconnaitre le passé, avec ses parties d’ombre et de lumière, d’habiter le présent et de se projeter dans l’avenir ».

Le diacre Pierre Lefebvre, qui était également présent à la célébration, renchérit : il faut « donner la chance à la grâce de Dieu de faire son œuvre dans le temps ». Et, en ce sens, assister à la messe du pow-wow contribue certainement à redonner espoir en la possibilité d’une véritable rencontre entre les peuples des Premières Nations et le reste de la société québécoise. C’est ce à quoi nous invite, chaque année, le Pow-wow international de Wendake.

Pour assister au pow-wow et à sa messe de clôture, visitez le site Tourisme Wendake.

Photos : Laurence B.-Lamarche/Le verbe

Voir l’épisode complet de notre émission « On n’est pas du monde » sur la culture Huronne-Wendate.

Stéphanie Grimard

Après avoir enseigné la philosophie au collégial durant plusieurs années, Stéphanie termine avec nous sa formation en journalisme. Toujours à la recherche du mot juste qui témoignera au mieux des expériences et des réalités qu’elle découvre sans cesse.