effondrement
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Petit lexique apocalyptique

Walking DeadBlack MirrorHunger Games, crise climatique, postmodernité, hypermodernité… Qu’est-ce que ces émissions, ces films et ces concepts ont en commun ? Ils renvoient tous à un monde qui ne va pas en s’améliorant, pas très solide et sur le bord de l’effondrement. La culture populaire, les scientifiques et les philosophes semblent s’entendre sur une chose : il faut penser l’apocalypse. 

Simon Lessard, à On n’est pas du monde, a exploré le côté lumineux de trois concepts clés de l’apocalypse : la dystopie, la collapsologie et le complotisme.

Car, de la même manière que l’apocalypse n’est pas seulement une destruction, mais aussi un dévoilement (ápó, « dé- » et kalúptô, « cacher »), ces trois concepts ont en eux aussi quelques bons côtés qui méritent d’être étudiés. 

Dystopie

La dystopie est un genre littéraire très à la mode. Il s’agit d’une histoire qui se déroule dans un monde totalitaire voir complètement ravagé, où il est presqu’impossible d’être heureux. Souvent, c’est une utopie qui a mal tournée, comme dans Le Meilleur des mondes (1932) d’Aldous Huxley et 1984 (1949) de George Orwell.

Écoutez la chronique de Simon Lessard à On n’est pas du monde.

Bien que ces romans soient très sombres, ils ont l’avantage, selon Simon Lessard, de nous avertir. En nous montrant le pire, les dystopies nous rappellent le risque du « messianisme politique ». Elles font voir le récif sur lequel nous risquons de nous écraser en voulant créer une société parfaite, en nous pensant capables de « faire le ciel sur la terre ». 

Elles exposent le danger, par exemple, du communisme, du transhumanisme ou encore de l’eugénisme. Les dystopies nous mettent en garde contre nos propres capacités politiques et techniques.

Collapsologie

La collapsologie est la science qui s’intéresse à l’effondrement de notre civilisation. Elle comprend des chercheurs de tous les horizons : certains ressemblent à des hurluberlus, mais d’autres sont des scientifiques très sérieux ou des politiciens importants, tel l’ancien ministre français de l’Environnement Yves Cochet.

Pour Simon Lessard, un des intérêts de la collapsologie est qu’elle se penche sur « les conséquences sociales du péché ». Elle montre que ce sont les hommes qui sont responsables de leur destin, et que leur orgueil est la cause de leurs malheurs. Elle révèle notre démesure, nous qui désirons créer une nouvelle Babel et rejoindre le ciel en fabriquant nos propres ailes, comme Icare dans le célèbre mythe grec. 

Il existe toutefois une bonne nouvelle : les hommes sont libres et donc responsables. Si l’effondrement arrive à cause d’eux, cela signifie que la catastrophe peut aussi être évitée s’ils se convertissent temps, ou encore qu’une reconstruction peut toujours survenir s’ils changent de vie. 

Complotisme

Le complotisme, c’est tout ce qui entoure les théories du complot : certains s’imaginent que la CIA, les reptiliens, les Chinois — et pourquoi pas les cardinaux du Vatican ? – contrôlent le monde. Ils pensent que, guidé par une soif de pouvoir absolu, un groupe secret cherche à diriger la planète. 

Toutes ces théories sont la plupart du temps ridicules et ce n’est pas pour rien si les complotistes sont souvent qualifiés d’antiscientifiques ou même de paranoïaques.

Toutefois, il y a quelque chose de positif dans l’attitude de ces groupes : une certaine soif de vérité. Ils refusent de tenir pour acquis ce que tout le monde dit et croit.

Le danger — et c’est le piège dans lequel tombent les amateurs des théories du complot — est d’être constamment méfiant face aux médias, aux scientifiques et aux politiciens. 

Néanmoins, les complotistes, dans leur quête de vérité, ont aussi ce sain désir de saisir le fonctionnement de notre monde. Ils cherchent l’origine du mal. Ils ciblent ainsi un important problème. 

Le hic, selon Simon Lessard, c’est qu’ils ne comprennent pas que cette origine ne se cache pas. Tous peuvent la voir.

Le hic, c’est qu’ils ne comprennent pas que cette origine ne se cache pas. Tous peuvent la voir.

Elle a déjà été révélée dans la Genèse et elle se révèle de nouveau chaque jour d’une manière malheureusement éclatante…

Cette origine, c’est le péché, le détournement de Dieu. 


Ambroise Bernier

Ambroise Bernier étudie la littérature à l’Université Laval. Féru de poésie comme de prose, il révise nos textes destinés au site Web.