Mère Teresa de Calcutta. Icône écrite par Marysia Kowalchyk.
Mère Teresa de Calcutta. Icône écrite par Marysia Kowalchyk.

Mère Teresa: prendre la vie à bras-le-corps

Un texte de Jacinthe Allard, fmj

L’Église et le monde entier célèbrent désormais, tous les 5 septembre, une mère universelle, une femme simple et pourtant si bouleversante de courage et de bonté. Prendre la vie à bras-le-corps au cœur même de ce qui la rend si tragique, c’est l’appel de cette mère, Teresa de Calcutta, et aussi le mouvement de sa vie livrée aux plus pauvres d’entre les pauvres par amour du Christ.

L’icône offerte à notre contemplation (en tête de cet article) traduit ce mouvement de la charité que rien n’arrête. Elle a été écrite par Marysia Kowalchyk, membre de la communauté Madonna House, en Ontario, qui a étudié l’art de l’icône auprès de différents iconographes. Ses œuvres se retrouvent dans plusieurs églises et chapelles au Canada, aux États-Unis et en Europe.

Un enfant, une mère

Le simple fait qu’on représente Mère Teresa avec un enfant dans les bras en dit long sur son cœur de mère. La manière dont elle le tient contre elle exprime toute la tendresse, la protection, la force de son être maternel. Sa main droite porte l’enfant et sa gauche le soutien, le garde. Debout et très droite, elle a l’aspect d’un pilier, d’une colonne solide sur laquelle toute misère peut s’appuyer pour reprendre souffle.

L’enfant, quant à lui, pose sa petite main sur le cœur de la sainte. Il semble l’entendre battre. Battre d’amour pour lui, battre de l’Amour du Christ. Il reçoit la vie du cœur même de cette mère qui a entendu son malheur et s’est offerte à sa détresse. Elle qui demandait constamment à son Époux: «Quand tu m’apparais affamé, assoiffé ou sous les traits d’un étranger, montre-moi comment te donner de la nourriture, apaiser ta soif ou te recevoir dans ma maison et dans mon cœur. Montre-moi comment te servir dans les plus petits de tes frères.»

Ce que nous faisons n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Mais si elle n’était pas dans l’océan, elle manquerait.

Cet enfant est aussi très différent de sa «mère»: sa couleur fait référence au pays qui a vu naitre la vocation missionnaire de Mère Teresa et rappelle que cette maternité est toute spirituelle. Pourtant, il est nu, comme au premier contact avec le monde. Combien d’enfants ont été recueillis sans avoir jamais été accueillis et revêtus en cette vie?

Sa vulnérabilité est abritée d’une couverture rouge, signifiant le don, la chaleur, l’amour, la vie éternelle. Le voici désormais rétabli dans sa dignité, guéri de son abandon.

L’amour pour réponse

Mère Teresa avait saisi profondément que «la plus grande souffrance est de se sentir seul, sans amour, abandonné de tous». C’est pourquoi elle n’a cessé de répéter que la seule chose importante, c’est l’intensité d’amour que nous mettons dans le plus petit geste.

Son unique réponse devant la souffrance était donc l’amour, un amour intense envers chaque être vivant. Sur cette icône de Kowalchyk, je vois cette réponse dans son regard. C’est lui qui touche, interpelle et rend vivante cette rencontre entre l’image et notre propre cœur. En «écoutant» ses yeux parler, j’entends le cri du Christ: «Faites attention à ne mépriser aucun de ces petits» (Mt 18,10).

Ce regard d’amour, ces traits façonnés par la compassion sont aussi pour moi un appel à donner une réponse par ma vie, par mes gestes. Lors de l’année de la Miséricorde [en 2016], notre pape nous supplie de nous tourner vers nos frères et nos sœurs souffrants, il nous présente les œuvres de miséricorde comme manière d’entrer dans une «révolution de la tendresse» si bien incarnée en Mère Teresa.

La détermination qui émane de tout son être, et particulièrement de son visage, me pousse à prendre position, moi aussi, aujourd’hui. À adopter le pas de cette «grande servante des pauvres, icône du bon Samaritain» (Jean-Paul II), en choisissant l’amour, envers et contre tout. Et à redire avec elle: «Nous sentons bien que ce que nous faisons n’est rien de plus qu’une goutte d’eau dans l’océan. Mais si cette goutte d’eau n’était pas dans l’océan, elle manquerait.»

Espérance

Enfin, j’aimerais relever le fond vert de l’icône. J’y vois le fruit d’espérance que fait naitre inévitablement tout geste d’amour, petit ou grand. «Ne vous imaginez pas que l’amour, pour être vrai, doit être extraordinaire.» L’espérance sait que tout peut servir à l’amour. On utilise aussi le vert en iconographie traditionnelle pour les scènes de la Nativité, en signe du commencement du salut.

Oui, quand une mère telle que Mère Teresa se lève à l’appel du Christ et choisit de prendre sous sa protection la vie la plus fragile, c’est une nouvelle naissance, un signe merveilleux du salut!


Cet article a été publié initialement dans l’édition papier de la revue Le Verbe, à l’automne 2016.

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