Pierre-Yves McSween Liberté 45
Montage photo : Judith Renauld / Le Verbe

McSween et Liberté 45 : devenir riche, pour quoi faire ?

Faites-vous partie des nombreux Québécois qui ont reçu dans leur bas de Noël le p’tit nouveau de Pierre-Yves McSween ? Liberté 45. Si oui, faut qu’on se jase. Sinon, on peut se jaser quand même. 

Avec sa couverture d’un bleu ciel tape-à-l’œil et son sujet chaud, ce nouveau bouquin frappe fort. McSween continue ce qu’il avait débuté avec En as-tu vraiment besoin ? publié en 2016. Mais cette fois, la frugalité et l’intelligence financière sont visées dans un but bien précis : devenir riche en actifs à 45 ans afin de pouvoir se libérer des chaines de la vie de salarié.

Résultat : si on suit les conseils de McSween, on peut espérer pouvoir dire « byebye boss » à 45 ans tout en gagnant suffisamment d’argent pour vivre confortablement !

Le « plan VEI »

Hmmm… comment y arriver ?

L’idée n’est pas nécessairement de gagner un salaire dans les 6 chiffres.

Non, il s’agit en fait de poser les bonnes actions le plus tôt possible dans la vie, soit dès qu’on gagne un brin d’argent.

Ces bonnes actions se résument par le « plan VEI » de McSween : augmenter sa Valeur (pour augmenter son salaire le plus rapidement possible), Épargner massivement, puis Investir (radicalement) !

Tout ça, idéalement entre 20 et 45 ans, soit le moment où 1 $ dollar gagné vaudra jusqu’à 7 $ à 65 ans. C’est le message percutant de McSween : chaque dollar a plus de valeur qu’on le perçoit au moment où on le dépense !

Pourquoi 45 ans ? Parce que, selon son échelle de dollars, à 45 ans, c’est là où un dollar dépensé commence à valoir beaucoup moins, soit moins de 2 $, vingt ans plus tard. Autrement dit, pour Pierre-Yves McSween, à 45 ans, c’est l’âge où on peut commencer à dépenser sans trop se poser de questions. Avant, vaut mieux ne pas faire de folie et… piler. 

Doit-on regarder son travail en fonction simplement du chèque de paie qu’il nous permet d’encaisser ?

La vingtaine ne doit donc pas être l’époque des folles dépenses, des voyages dans le Sud et de l’endettement. C’est le moment d’agir intelligemment et d’être rusé avec son pognon.

La valeur du travail 

Si McSween nous offre une éducation financière de base qui fait cruellement défaut pour le commun des mortels québécois, son plan VEI est-il pour le reste suffisant ?

Doit-on regarder son travail en fonction simplement du chèque de paie qu’il nous permet d’encaisser ?

McSween a choisi de quitter l’enseignement pour devenir plutôt chroniqueur radio puisque cela lui permet d’atteindre plus de liberté financière.

Calcul bien étroit, il me semble…

S’il est raisonnable de chercher à être justement payé pour son travail, est-ce souhaitable de désirer la retraite à 45 ans ? L’être humain qui travaille y trouve sa dignité. Par le travail, on devient carrément plus heureux :

« Le travail est un droit fondamental et c’est un bien pour l’homme : un bien utile, digne de lui car apte précisément à exprimer et à accroître la dignité humaine. » (Doctrine sociale de l’Église, n°287)

Si l’être humain y trouve sa dignité, c’est qu’il est fait pour travailler. Le travail est nécessaire. Cela est d’autant plus clair quand on voit les conséquences de l’oisiveté chez les jeunes (et moins jeunes). 

Devenir riche, mais pourquoi ?

Cela étant dit, faire de l’argent peut être une très bonne chose, tout dépend ce que l’on fait avec ses biens amassés. Dans sa vision économique et financière, la pensée catholique affirme que viser la richesse en elle-même est condamnable et que d’accumuler pour son unique bénéfice aussi. 

Déprimant ?

Non, parce que cette vérité est inscrite au fond de nous : la richesse existe pour être partagée ! 

« Les richesses remplissent leur fonction de service à l’homme quand elles sont destinées à produire des bénéfices pour les autres et pour la société. » (DSE, n°329) 

Revenons à McSween. Même s’il n’aborde pas la valeur « humaine » du travail, il pointe son radar dans une bonne direction : l’endettement.

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La plupart d’entre nous vivent au-dessus de leurs moyens, sont noyés par les dettes et les cartes de crédit remplies à bloc. 

Comment renverser la vapeur et administrer ses dons de manière juste et intelligente ?

« Une bonne administration des dons reçus, notamment des dons matériels, est une œuvre de justice envers soi-même et envers les autres hommes : ce que l’on reçoit doit être bien utilisé, conservé, fructifié. » (DES, n°326)

Sages paroles, n’est-ce pas ? 

Logique du don

Oui, il faut aspirer à vivre plus simplement, à refuser les aspects les plus pervers de ce que la société de consommation nous propose. Et ce n’est pas évident. Il faut apprendre tôt à faire certains choix. 

McSween nous dit d’éviter le luxe quand on est jeune. En fait, c’est une bonne idée de fuir le luxe à tout âge. Même si ce n’est pas évident.

Pour sortir de la logique de la surconsommation, l’antidote par excellence est tout simple. Il est, lui aussi, inscrit dans nos cœurs : donner.

Donner le superflu est un devoir, mais donner parfois le nécessaire est un antidote au luxe, un bouclier contre la tentation de toujours vouloir davantage. 

Mais l’investissement ne serait-il pas une solution ?

« La possibilité d’influencer les choix du système économique se trouve en effet entre les mains de ceux qui doivent décider de la destination de leurs ressources financières […] en exprimant un jugement de valeur sur les projets d’investissements, conscients que le choix d’investir dans un secteur de production plutôt qu’un autre, est toujours un choix moral et culturel. » (DSE, n°358)

Il faut donc oser poser des questions à son conseiller financier : « Où va mon argent, monsieur ? » Il convient de sortir son argent des fonds qui financent l’armement, l’exploitation des ressources naturelles, et plus largement, de ceux dont la traçabilité des profits est ténébreuse.

Consommer autrement

Une autre solution à la portée de tous les Nord-Américains bien nantis que nous sommes est d’utiliser judicieusement notre pouvoir d’achat. Comment ? En orientant ses choix vers des produits de certaines entreprises en tenant compte de leur prix (sont-ils justes ?), de leur qualité, mais aussi de l’existence de conditions de travail, et du degré de protection assuré au milieu naturel environnant. 

Bref, même si le plan VEI de McSween est fort intéressant et que son bouquin nous donne de belles pistes pour fuir l’endettement, l’Église nous propose une manière de vivre qui est encore plus juste et saine :

« Il est nécessaire de s’employer à construire un style de vie dans lequel les éléments qui déterminent les choix de consommation, d’épargne et d’investissement soient la recherche du vrai, du beau et du bon, ainsi que la communion avec les autres hommes pour une croissance commune. » (DSE, n°360)


Pascale Bélanger

Pascale est une éternelle étudiante : littérature, philosophie et nutrition. Elle aime aller à la rencontre de l’Autre et apprendre chaque jour un peu plus sur l’être humain et sur sa magnifique complexité.