marriage story
Photo: tirée de la page Facebook du film.

Marriage story, égos inégaux

Rien de mieux, pendant ce congé de Noël, que de s’installer confortablement sur le sofa, en couple, et d’écouter un bon film d’amour. On se blottit l’un contre l’autre, chacun avec sa tisane préférée, et on épie l’histoire de ces personnages, notant mentalement les ressemblances et les différences avec sa propre histoire.

En visionnant seulement la bande-annonce du film Marriage Story, disponible sur Netflix depuis quelques jours, on comprend tout de suite qu’on a affaire à une histoire d’amour atypique (ou pas) : en fait, le couple est en instance de divorce.

Et malgré l’amour que les protagonistes semblent toujours ressentir l’un pour l’autre, malgré la lettre que chacun nous lit dès les premières minutes du film et qui noue la gorge de quiconque a une âme, cette histoire est d’une tristesse infinie.

Le prix de l’épanouissement

D’abord, elle. Elle a sacrifié une possiblement-brillante carrière d’actrice en Californie pour suivre ce metteur en scène underground à New York. Elle devient sa muse, son inspiration, sans jamais qu’il ne lui accorde de crédit lorsque son génie à lui est vanté. Elle a aussi un enfant avec lui. Et puis un jour elle en a marre de n’être que son ombre. Un rôle offert sur la côte ouest finit de la convaincre de le quitter, et d’amener leur fils avec elle.

Et il y a lui. Qui investit tout son temps, son énergie et son argent dans sa compagnie de théâtre. Qui a construit sa carrière de zéro, parce que ses parents n’étaient pas vargeux. Et qui est tellement absorbé par ses projets qu’il ne voit rien aller de son ennui à elle. Tellement, qu’il est convaincu que toute cette histoire en Californie n’est que temporaire.

Ils sont comme deux solitudes, qui reconnaissent plein de qualités à l’autre, mais qui, en fin de compte, ne choisissent jamais que leur épanouissement personnel.

Puis ce divorce, qui se voulait d’abord une séparation douce et amicale, et qui devient rapidement un cauchemar, où les avocats, comme des vipères, siphonnent autant leur argent que l’image positive qui leur reste encore de l’autre. (N’est pas Marilou et Alex Champagne qui veut.)

Les dialogues sont brillants, la performance des acteurs est à couper le souffle.

C’est un film sobre, qui raconte cette histoire sans flafla. Les dialogues sont brillants, la performance des acteurs (Scarlett Johansson et Adam Driver, entre autres, jouant ce couple déficient) est à couper le souffle. Il n’y a rien de flamboyant dans la réalisation, pas d’éclats, de crises ou d’engueulades à répétition. Mais c’est très bon. Ça permet de se concentrer sur les personnages et leur histoire.

Du sacrifice au ressentiment

D’ailleurs, une belle histoire d’amour qui finit en divorce, c’est rarement jo-jo, on en convient. Mais ce n’est pas ce qui est le plus triste dans toute cette histoire. Ni leurs flagrants problèmes de communication ni l’enfant coincé au milieu de toute cette merde d’adultes.

Ce qui déprime profondément, c’est de constater que le sacrifice et le don de soi ne sont jamais bien loin de la frustration et du ressentiment. De voir que le bonheur de l’un passe nécessairement par l’oubli de l’autre. Qu’il n’y a rien de gratuit, au fond. Même quand on pense qu’on aime l’autre. Tout est calcul et rien ne s’équivaut jamais parfaitement.

Et ici, on ne parle même pas ici de séparer toutes les factures en parts égales. Pas surprenant que ça finisse en cour… #pasjustedanslefilm

L’espérance, en se comparant, c’est de savoir que notre mariage tient par Celui-qui-ne-compte-rien.


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Florence Malenfant

Détentrice d'un baccalauréat en histoire de l'art à l'université Laval et d'un certificat en révision linguistique, Florence a une affection particulière pour le bouillon de poulet et un faible pour la littérature russe!