films d'exil
Image du film Fuocoammare, par-delà Lampedusa. Image tirée de YouTube.

Les 8 meilleurs films d’exil

Alors que nous sommes confinés, le voyage nous semble un luxe interdit et inaccessible. Pour certains cependant, le voyage est un exil, une expatriation souvent douloureuse. Pour nous faire sortir de chez nous alors que nous devons y rester, voici le top 8 des films d’exil selon Simon Lessard.

Va, vis et deviens, Radu Mihaileanu (2005) 7,9

En 1984, alors que des milliers d’Africains sont entassés dans des camps de réfugiés soudanais, des militaires américains et israéliens organisent l’Opération Moïse visant à relocaliser en Terre sainte les juifs éthiopiens qui s’y trouvent. Chrétien de naissance, le jeune Salomon est alors poussé par sa mère à se déclarer juif dans l’espoir d’échapper à la famine en bénéficiant de l’exil. Rebaptisé par sa famille adoptive de Tel-Aviv, il sera contraint de vivre dans le mensonge et d’assister graduellement à sa décomposition intérieure.

Ce film d’un réalisateur français d’origine roumaine aborde la confusion culturelle en l’absence d’identité réelle avec une véritable compassion envers tous ceux pour qui la recherche de soi et d’un chez-soi balance leur tête, leur cœur et leurs pieds dans tous les sens.

America, America, Elia Kazan (1963) 7,8

Mis en nomination pour le meilleur film aux Oscars, ce (un peu trop) long métrage du légendaire réalisateur turc d’Un tramway nommé désir nous raconte l’histoire d’un jeune immigrant grec qui a perdu sa fortune en route pour Istanbul et qui rêve désormais de refaire sa vie en Amérique. Le film dépeint de manière émouvante et authentique les espoirs et les épreuves des immigrants de la fin du 19e siècle, et il est souvent considéré comme l’un des sommets de la carrière de Kazan.

Les dix commandements, Cecil B. DeMille (1956) 7,8

Gigantesque à tous les points de vue, ce classique indépassable de quatre heures réussit l’exploit de ne pas nous ennuyer une seule minute ! Basé sur les Saintes Écritures, ce « chant du cygne » de l’un des réalisateurs les plus importants de l’âge d’or du cinéma américain raconte la vie de Moïse (Charlton Heston) depuis sa découverte dans le Nil par la fille de Pharaon jusqu’à sa longue et dure lutte pour libérer le peuple hébreu de l’esclavage. Parce qu’il évite l’écueil du moralisme, ce film biblique séduit et convainc d’autant plus tout homme de bonne volonté.

https://www.youtube.com/watch?v=4l33AkwkBjs

La promesse, les frères Dardenne (1996) 7,8

Roger, un homme d’affaires corrompu, utilise son fils Igor, un apprenti mécanicien de 15 ans, pour exploiter impitoyablement des sans-papiers en Belgique. Quand l’un des immigrants est tué lors d’un accident de travail, Igor doit faire face à sa conscience et promet de s’occuper de la famille du défunt contre les ordres de son père. Drame sans musique qui laisse toute la place aux pures émotions humaines, ce film codirigé par les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne en dit long sur la façon dont nous traitons les autres êtres humains et sur ce que signifie vraiment grandir.

Rêves d’or, Diego Quemada-Díez (2013) 7,7

Riche en action, en humour et en intrigue, ce road movie du réalisateur hispano-mexicain Diego Quemada-Díez suit trois adolescents des bidonvilles du Guatemala en route vers l’eldorado américain. Voyageant ensemble dans des trains de marchandises et marchant sur les voies ferrées, ils parcourent une dangereuse odyssée qui changera à jamais leur vie.

Avec Le rêve d’or, Diego Quemada-Díez tisse un récit poétique plein de compassion fondé sur un réalisme saisissant grâce à sa caméra tremblante et à sa distribution d’amateurs. Parmi ceux-ci figuraient de véritables réfugiés ainsi que le père Solalinde, prêtre mexicain célèbre pour son travail charitable auprès des migrants d’Amérique centrale.

Le Havre, Aki Kaurismäki (2011) 7,2

Lorsqu’un jeune réfugié africain arrive par cargo dans la ville portuaire du Havre dans le nord de la France, un vieux cireur de chaussures bohème le prend en pitié, l’accueille chez lui et l’aide à rejoindre sa mère à Londres. Comique et dramatique, charmant et dépaysant, ce film français d’un réalisateur finlandais est animé par une humanité brute et pleine d’espoir. En racontant la solidarité simple de la main tendue et de la baguette de pain partagée, Aki Kaurismäki nous dit sa foi en l’Homme… et peut-être aussi dans les miracles.

Le prince d’Égypte, Studios DreamWorks (1998) 7,1

Ce chef-d’œuvre d’animation nous fera oublier un instant les dangers des écrans pour nos enfants ! L’histoire raconte la rivalité entre les deux frères Ramsès et Moïse, et surtout comment ce dernier découvre sa véritable identité et sa mission. Magnifiquement animé, émotionnellement riche et musicalement enlevant, Le prince d’Égypte est un heureux mélange d’épopée biblique hollywoodienne, de comédie musicale et de leçon de catéchisme. « Pharaon peut vous ôter la vie. Mais il y a une chose qu’il ne peut pas vous enlever : votre foi. Croyez, car nous verrons les merveilles de Dieu ! »

Fuocoammare, par-delà Lampedusa, Gianfranco Rosi (2016) 6,8

Gianfranco Rosi a su capter dans ce documentaire mis en nomination aux Oscars la vie des 6000 habitants de l’ile de Lampedusa, radicalement transformée par l’arrivée de centaines de milliers de migrants. À travers le quotidien d’un garçon de 12 ans issu d’une famille de pêcheurs et d’un médecin dirigeant un dispensaire, le réalisateur italien né en Éthiopie arrive à relier la dangereuse traversée de la Méditerranée par les migrants à la vie ordinaire des insulaires.

« La Méditerranée n’est pas une mer qui divise, mais une mer qui unit. Elle unit les peuples, les continents, elle unit les différentes terres, elle unit ces peuples qui nous apportent de nouvelles expériences. Ils nous apportent leur culture, mais aussi leur gentillesse, parce que ce sont des gens bien et qu’ils ne sont pas malades. Ce ne sont pas des terroristes, et ils ne veulent voler le travail de personne. Ils veulent juste un peu de paix, vivre dans la dignité, sans avoir peur de mourir d’un moment à l’autre. »


Simon Lessard

Simon aime engager le dialogue avec les chercheurs de sens. Diplômé en philosophie et théologie, il puise dans les trésors de la culture occidentale, combinant neuf et ancien pour interpréter les signes des temps. Il est responsable des partenariats au Verbe médias.