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Illustration: Émilie Dubern/Le Verbe

Le renouveau du spirituel en Chine

Comme en Russie, où l’orthodoxie a connu une véritable renaissance après la chute du régime soviétique, le spirituel fait son retour en Chine (mais sans qu’il y ait eu changement formel de régime). Et comme en Russie, où le christianisme connait un retour en grâce auprès du pouvoir, les traditions sapientiales chinoises sont désormais – bien qu’inégalement – appréciées et mises en valeur par les dirigeants. Il y a ainsi, dans le zhōngguó, rupture avec la période maoïste, caractérisée par un rejet complet des religions autochtones ou allochtones.  

Cette nouvelle mise en valeur ne va pas sans une instrumentalisation du religieux par le politique. Aussi, comme en Russie, où le pouvoir poutinien ne cherche pas tant à suppléer au manque d’horizon et de sens laissé par la liquidation du marxisme-léninisme qu’à donner au nationalisme russe un verni de sacralité, le nouvel engouement des élites du Parti communiste chinois pour les racines religieuses de la Chine sert moins la quête d’équanimité du citoyen moyen que le rêve patriotique «de la grande renaissance de la nation chinoise».

Le parallélisme entre les situations russe et chinoise a évidemment ses limites, ne serait-ce que parce que le christianisme occupe une place totalement différente dans l’imaginaire de l’un et l’autre peuple; mais c’est d’abord cette similitude entre deux grandes nations impériales en quête d’une nouvelle âme et d’un nouveau telos qui m’a le plus frappé en lisant Le renouveau éclatant du spirituel en Chine (2021), ouvrage consacré à l’essor de la pratique religieuse en Chine. Et ce, même si ce n’est pas ce qui y est le plus mis en avant.  

Présentation de l’ouvrage

Les 250 pages du livre de Claude Meyer, spécialiste de l’Asie à l’IFRI (Institut français des relations internationales), s’attardent sur la période postmaoïste, caractérisée par trois phénomènes concomitants: la pratique massive de la religiosité populaire, le regain d’intérêt pour les religions et sagesses traditionnelles de la Chine et l’essor fulgurant du christianisme. L’auteur s’intéresse en particulier à l’évolution récente de la situation sous Xi Jinping, et il le fait toujours en contextualisant historiquement les enjeux, permettant ainsi au lecteur de mieux apprécier la portée du renouveau étudié. 

La dizaine de pages consacrées à l’âge d’or des relations sino-européennes au 17e siècle – période durant laquelle les jésuites ont joué les intermédiaires entre l’un et l’autre monde, influençant tant l’évolution scientifique de la Chine que de l’Europe – est ainsi une utile mise en perspective de la question de l’inculturation du christianisme en Chine, sujet qui occupait jadis les missionnaires comme Matteo Ricci, et qui revient au-devant de la scène, en raison de la nouvelle politique de sinisation des religions étrangères promue par Pékin (voir plus bas).    

La première partie de l’ouvrage (de même qu’une annexe en fin de volume) rend compte, chiffres à l’appui, du «retour du religieux» et en énumère les principales causes. La seconde traite de la fin de la période de tolérance ouverte avec Deng Xiaoping à la fin des années 1970 et de la répression accrue qui sévit depuis l’arrivée au pouvoir, en 2012, de l’actuel président. La troisième se penche sur le cas spécifique du christianisme, et explique à la fois comment cette religion est persécutée, et quels types de résistance elle oppose au pouvoir.

Je suivrai le même plan dans cet aperçu de l’ouvrage.

Les chiffres les plus parlants

En recoupant les diverses estimations proposées par les acteurs intéressés par le sujet (gouvernements, ONG, centres de recherches, etc.), Claude Meyer parvient à chiffrer à 367 millions le nombre de Chinois confessant et pratiquant une des cinq religions officiellement reconnues par le gouvernement communiste. Oui, cinq religions seulement se sont vu octroyer une reconnaissance officielle – à des fins de contrôle plus étroit par l’État. 

Dans la Chine des empereurs rouges qui promeuvent activement l’athéisme à travers les canaux de l’État depuis près de 75 ans, il y aurait ainsi 250 millions de bouddhistes, 70 millions de protestants, 23 millions de musulmans, 12 millions de taoïstes et 12 millions de catholiques. Le confucianisme, qui est d’abord conçu comme une sagesse plutôt que comme une religion, est exclu de ce comptage. Mais il bénéficie lui aussi d’un regain d’intérêt certain.   

Le précédent calcul exclut aussi les quelque 300 millions de Chinois qui, selon le Pew Research Center, pratiquent une forme ou l’autre de religion populaire, que les Missions étrangères de Paris définissent comme «un ensemble complexe et éclectique de croyances et de pratiques religieuses dérivées de traditions diverses tant animistes ou vitalistes que confucéennes, taoïstes ou bouddhistes, ou, plus récemment, chrétiennes». Les religions populaires, explique Claude Meyer, évoluent en dehors de tout cadre institutionnel, d’où la difficulté à les évaluer quantitativement. De plus, elles «prennent des formes variées: culte des ancêtres, culte des dieux locaux, divination, géomancie, sorcellerie, etc.» (p.213).

Se libérer du Libérateur est donc moins fashion pour la jeunesse de Chine que pour les gens de chez nous.

Fait à noter – qui pourrait ébranler le progressiste moyen catéchisé quotidiennement par la plupart des médias mainstream –, le renouveau spirituel en Chine n’est pas d’abord une affaire de plouc ignare qui, au fond de sa campagne sous-développée, cultive l’obscurantisme avec autant d’agrément que la racine de ginseng; ni une pathologie de culs-terreux ostensiblement égarés dans les ténèbres de la gratitude et de l’humilité.

Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre à un peuple comme le nôtre qui s’émancipe à en mourir, le renouveau en question touche d’abord les zones urbaines et les «titulaires d’un diplôme universitaire». Ce qui n’empêche pas que «tous les niveaux de revenus» et «toutes les tranches d’âges» soient concernés (p.214), en particulier les jeunes. Se libérer du Libérateur est donc moins fashion pour la jeunesse de Chine que pour les gens de chez nous.

Quelques données sur le christianisme

En ce qui concerne le christianisme, les chiffres sont éloquents. Il y a aujourd’hui 82 millions de chrétiens, si l’on additionne les chiffres du protestantisme et du catholicisme donnés à l’instant. Or, il faut savoir que les chrétiens n’étaient que quatre-millions en 1949, lorsque les communistes ont pris le pouvoir. On comptait alors trois-millions de catholiques et un million de protestants. 

Durant quatre longues décennies, le développement des communautés chrétiennes vivant sous le joug communiste a été lent, puisqu’en 1991, elles ne réunissaient encore que huit-millions de personnes. Mais la croissance a été exponentielle par la suite, avec un taux mirobolant de 140% d’augmentation du nombre de fidèles protestants, et de façon plus modeste, de 20% du nombre de catholiques, pour la période 2003-2018.

Il faut savoir que les Églises catholique et protestante en Chine sont des communautés scindées en deux, puisque chaque confession compte à la fois une Église officielle, reconnue et surveillée de près par le pouvoir, et une Église clandestine, ayant choisi de préserver toute son autonomie, en sachant ce qu’il en coute de vouloir échapper au contrôle et au formatage idéologique par l’État (voir plus bas).

Ainsi, selon les estimations, 20 millions de protestants évolueraient à l’intérieur du cadre proposé par les Églises «patriotiques» reconnues officiellement par Pékin, contre 5 millions du côté catholique. Ce qui veut dire que 50 millions de protestants se rassemblent dans des «communautés de prière non enregistrées», qu’on appelle en anglais des house churches, alors que 7 millions en font autant du côté catholique.

Les principales causes du renouveau

Le renouveau du spirituel en Chine n’arrive pas pour rien. À l’échelle collective d’abord, il vient de toute évidence combler le vide engendré par l’abandon, à la fin des années 1970, sinon de toute eschatologie marxiste, au moins du culte maoïste, qui fut une véritable religion séculière, avec son Évangile, le Petit livre rouge, son gout de la régénération par la destruction rituelle, et sa ferveur idolâtrique à l’endroit du président Mao.

À l’échelle individuelle, ensuite, il étanche la soif spirituelle qui s’est creusée toujours davantage depuis quarante ans, dans toutes les couches de la société, sous l’effet combiné de l’athéisme d’État d’un pays encore officiellement communiste, d’une part, et de la débauche consumériste découlant de la prospérité inédite du pays, d’autre part, qui fit dire à une journaliste que les années 1980 à 2010 avaient été celles des Trente glorieuses chinoises. 

Au-delà de cette explication négative (fuir le vide spirituel), certaines des raisons positives d’adhérer à des croyances et pratiques religieuses ont été mises en évidence par une enquête du China Daily datant de 2007.  Ainsi, en réponse aux questions du journal, «un quart des personnes interrogées ont déclaré que la religion ‘‘montre le vrai chemin de la vie’’ et 28% ont répondu qu’elle ‘‘aide à guérir les maladies, à éviter les catastrophes et à garantir que la vie se déroule de façon sereine’’» (p.214). En plus d’être vue comme une protection contre certains maux, la religion est aussi conçue comme source de paix intérieure et de sagesse.    

Parmi les facteurs qui expliquent la soif religieuse des Chinois, il faut aussi mentionner les «tensions» et les «frustrations» engendrées par la «dislocation des structures sociales» (p.39) héritées soit de l’histoire longue et des fondamentaux de la civilisation chinoise, soit de la période communiste. Car elles incitent les gens à s’appuyer sur d’autres réseaux de solidarité.

Par ailleurs, la perte du sens moral et la prolifération des «comportements sociaux déviants» (p.40) qui ont accompagné la modernisation et qui ont noyé le pays sous un déluge de bassesses et de vilenies expliquent aussi, en partie, ce besoin de retrouver des repères fiables.

Mais pour que ce renouveau puisse survenir dans un pays totalitaire, il a d’abord fallu qu’un changement radical s’opère en matière de politique religieuse. Et c’est précisément ce qui s’est produit sous l’impulsion de Deng Xiaoping, à la fin des années 70, lorsque celui-ci a décidé, dans la foulée d’importantes réformes, de procéder à «la levée des restrictions sur la pratique religieuse» (p.39).

Aujourd’hui, la même tolérance n’a plus cours. Mais du point de vue de l’orthodoxie communiste promue par Xi Jinping, qui cherche en particulier à juguler l’influence du christianisme, perçu comme un dangereux vecteur d’influence étrangère, on pourrait dire que «le mal est fait» et qu’il est impératif de le «défaire» à coup de surveillance totalitaire et de contrainte politicojuridique. 

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Avant Xi Jinping

En 1949, la victoire communiste entraine l’expulsion de milliers de religieux. Par contre, la constitution chinoise de 1954 reconnait officiellement la liberté de croyance aux individus, et accorde à cinq religions la possibilité de célébrer un culte public, pour autant que cela se fasse dans le cadre «[d’]associations patriotiques». La violence qui se déchaine durant la Révolution culturelle (1966-1976) favorise ensuite le développement des églises clandestines, par des chrétiens qui cherchent à échapper à la folie meurtrière des gardes rouges. 

Avec la nouvelle constitution de 1982 conçue à la demande de Deng Xiaoping, le réalisme l’emporte sur le fanatisme, et l’on admet que les religions ne disparaitront pas. Du moins pas avant que le progrès matériel, moral et scientifique, rendu possible par le socialisme, fasse son effet sur les consciences et détache graduellement les masses de ces chimères prémodernes. C’est dans la foulée de ces changements que Joseph Zen, futur cardinal de Hong Kong, a pu se rendre sur le continent pour y enseigner dans un séminaire de l’Église catholique officielle.   

Durant les mandats de Jiang Zemin (1993-2003) et Hu Jintao (2003-2013), la tolérance relative et la reconnaissance occasionnelle, dans les discours officiels, de la contribution positive des religions à la construction de la société socialiste n’empêchent pourtant pas que la répression s’abatte sur divers groupes religieux jugés politiquement menaçants, comme le mouvement Falun Gong, les bouddhistes tibétains ou les Ouïgours du Xinjiang. À l’athéisme mâtiné de pluralisme, se substitue alors l’«intransigeantisme» de ceux qui visent l’éradication.

Sous Xi Jinping

L’arrivée au pouvoir de Xi Jinping restera dans l’histoire comme le moment où la Chine communiste a cessé de dissimuler ses véritables ambitions au monde (c’était le choix de Deng Xiaoping) et où elle s’est décidée à les assumer haut et fort. Ce changement de stratégie a évidemment été rendu possible par la transformation spectaculaire du pays, qui est passé du rang de continent sous-développé à celui de grande puissance en à peine 30 ans.

Mais cette métamorphose extraordinaire, rompant avec l’autarcie économique et la planification centralisée de l’époque Mao pour privilégier le marché et l’intégration au système des échanges internationaux (p.111), ne s’est pas traduite par une libéralisation des autres secteurs de la société; tout au plus par d’appréciables assouplissements, auxquels Xi a mis fin, pour revenir au contrôle totalitaire, mais avec les moyens du 21e siècle.

En matière religieuse, les trois principales cibles du Parti sont les musulmans du Xinjiang, les bouddhistes du Tibet et les chrétiens.

Contrairement aux deux premiers groupes, ces derniers ne sont pas associés à des ethnies particulières, localisées en périphérie du pays et qui fragilisent l’unité territoriale, mais ils constituent tout de même une menace dans la mesure où leur croissance les rendra bientôt plus nombreux que les 95 millions de membres du Parti.    

En matière religieuse, les trois principales cibles du Parti sont les musulmans du Xinjiang, les bouddhistes du Tibet et les chrétiens. Contrairement aux deux premiers groupes, ces derniers ne sont pas associés à des ethnies particulières, localisées en périphérie du pays et qui fragilisent l’unité territoriale, mais ils constituent tout de même une menace dans la mesure où leur croissance les rendra bientôt plus nombreux que les 95 millions de membres du Parti.    

Les principales victimes de la répression parmi les chrétiens sont les protestants, dont la croissance exponentielle au sein de l’ethnie Han majoritaire (95% de la population chinoise) inquiète Pékin. L’Église catholique clandestine n’est cependant pas en reste. Elle aussi subit diverses formes de persécution: «démolition d’églises, harcèlement ou incarcération du clergé, intense pression sur les fidèles pour qu’ils rejoignent les Églises officielles, etc.» (p.115).

À ces mesures répressives s’en ajoutent d’autres: «contrôle bureaucratique, pressions et harcèlement pour l’enregistrement des églises clandestines, gestion pointilleuse et éducation politique du clergé, manipulation doctrinale, restrictions sur les lieux de culte, etc.» (p.119). Des Églises officielles, dites «patriotiques», on attend par ailleurs «la soumission à la direction du Parti, le soutien à l’autorité de l’État et le dévouement à la patrie socialiste» (p.119).

Deux formes de contrôle particulièrement intrusives donnent plus que toutes les autres la mesure de l’oppression que subissent les chrétiens de Chine. La première est un projet ubuesque de «nouvelle traduction annotée de la Bible», destiné à «l’adapter aux impératifs idéologiques du Parti» (p.120). La seconde est l’installation de «caméras dotées d’un logiciel de reconnaissance faciale […] dans toutes les Églises approuvées par l’État» (p.121). 

La résistance chrétienne

Depuis l’adoption d’un nouveau règlement en 2018, les vexations et persécutions se sont encore accrues. Ainsi, après la vague d’enlèvement de croix du toit des églises (1500 croix dans le Zhejiang) ou de destruction pure et simple des édifices religieux (20 bâtiments dans la même province) en 2014, on a assisté, quatre ans plus tard, à l’amplification du phénomène (7000 croix enlevées et «des milliers d’églises […] fermées ou détruites» (p.123) dans le Hebei), de même qu’à de nouveaux types d’empiètements sur les droits fondamentaux, comme l’obligation de mettre en place «un drapeau chinois et [un] portrait du président Xi dans les bâtiments et [l’] interdiction des services religieux en ligne» (p.122).

Ceux des pasteurs qui résistent valeureusement avec leur communauté à ce cadenassage de la vie religieuse en paient le prix. Ils se retrouvent souvent sans congrégation ou incarcérés pour des années. C’est le cas de Jin Mingri, dont la communauté de 1600 âmes a été dissoute en 2018, en raison de son refus d’installer dans les locaux de son église 24 caméras de surveillance. C’est le cas du pasteur Wang Yi, condamné à neuf ans de prison pour avoir pris position «sur des sujets sensibles» et «refusé d’enregistrer son église [de 500 fidèles] auprès du gouvernement» (p.127). C’est le cas de Gao Guohua, qui a écopé de 14 ans pour avoir marqué publiquement son désaccord avec «la politique de destructions de croix» (p.128).

La sinisation vise, en clair, «l’adhésion des religions à la politique du Parti communiste pour en faire des religions nationales, ‘‘à caractéristiques chinoises”».

Face à une telle violence d’État, la stratégie de résistance des chrétiens varie, allant de l’accommodement, là où cela est possible, à l’affrontement, quand le cœur de la vie chrétienne est en jeu, en passant par la résistance passive. L’accommodement consiste par exemple à s’investir surtout dans le caritatif ou à déployer la vie religieuse dans l’espace privé ou numérique. La résistance passive prend d’abord et avant tout la forme d’un refus de s’affilier aux associations patriotiques, pour garder intacte l’indépendance des communautés. L’affrontement se fait quant à lui par la mobilisation sociale et les pétitions, ou encore le combat juridique, grâce à des avocats chrétiens courageux, qui sont aussi la cible du pouvoir.  

Sinisation contre occidentalisation

L’objectif poursuivi par Xi Jinping à travers la multitude de mesures répressives dont traite abondamment le livre de Claude Meyer est, comme nous l’avons dit d’entrée de jeu, la sinisation des religions, c’est-à-dire leur «adaptation» à «la société socialiste chinoise» (p.141).

La sinisation vise, en clair, «l’adhésion des religions à la politique du Parti communiste pour en faire des religions nationales, ‘‘à caractéristiques chinoises”» (p.143). En vue d’atteindre cet objectif, «les responsables des cinq religions reconnues ont reçu pour instruction d’élaborer un plan quinquennal pour mettre en œuvre cette sinisation» (p.141). Ça ne s’invente pas. 

L’offensive idéologique du numéro un du PCC met en relief l’antagonisme qui est au cœur du conflit civilisationnel entre la Chine et l’Occident, et qui oppose deux visions irréconciliables de l’homme et de la cité. La vision holiste du monde qui prévaut en Chine, où chacun doit se soumettre à l’impératif de la domination du Parti, s’oppose à l’individualisme de la culture occidentale, qui fait primer – jusqu’à l’excès – l’intérêt de la partie sur le tout. L’idée de soumission du religieux à la puissance politique propre à l’idéologie totalitaire entre quant à elle en conflit avec le principe de l’autonomie des Églises par rapport à l’État.

Enfin, la promotion d’un «nationalisme culturel» cherchant à ressusciter les «anciennes valeurs chinoises» (p.185) s’oppose à l’universalisme de certains principes qui sont au fondement de l’Occident libéral, à commencer par le principe de la liberté de conscience.

Qu’une Chine totalitaire triomphe, à l’interne, des valeurs d’un Occident affaibli n’aurait rien de surprenant, eu égard aux moyens mis en œuvre. Mais la vraie question est de savoir comment l’Esprit Saint du Père va jouer ses pions pour faire connaitre Jésus en Chine. À cette question, seule une bonne géopolitique du paradis pourrait nous aider à répondre. 

Alex La Salle

Alex La Salle a étudié en philosophie, en théologie et détient une maîtrise en études françaises. Il travaille en pastorale au diocèse de Montréal.