Photo: Fotolia
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La Résurrection du Christ: quand l’enquête devient quête

Le film La Résurrection du Christ (Risen) de Kevin Reynolds est sorti hier en France. Il aura fallu attendre trois mois pour avoir droit à la version française, car de ce côté-ci de l’Atlantique, on pouvait le voir en version originale anglaise uniquement depuis le 19 février.

C’est en mars, pendant le carême, avec deux de mes ados, que j’ai pu voir et apprécier grandement ce film.

Ce matin, je lisais la critique du père Denis Dupont-Fauville du site Aleteia, et honnêtement, je l’ai trouvé bien sévère.

Bien entendu, il y a plusieurs petites choses qui dérangent dans le film : la couronne d’épine est peu crédible, la scène de l’Ascension est décevante à cause des mauvais effets spéciaux. On reproche au film d’être à la sauce américaine, mais moi, personnellement, j’aime bien cette sauce.

Mais tout ça, si on le veut bien, est rapidement oublié quand on se laisse toucher par ce Romain, Clavius (interprété par le viril Joseph Fiennes), alors qu’il est chargé d’une enquête et qu’il se retrouvera, bien malgré lui, en quête de sens à sa vie…

Clavius, sur ordre de Pilate, doit retrouver le corps du crucifié, qui, selon les dires de ses disciples illuminés, serait ressuscité d’entre les morts.

La quête de Clavius

Clavius cherchera ce corps, donc, par tous les moyens possibles – il ira jusqu’à déterrer les morts – mais devra bien admettre que le corps est introuvable.

Ce n’est qu’en suivant Marie-Madeleine, très bien interprétée par la belle Maria Botto, dont le mysticisme est bien rendu, qu’il se retrouvera face à face avec le Ressuscité, entouré de ses apôtres qui, eux-mêmes, sont totalement éberlués, et en larmes, par la présence de Jésus qu’on devine soudaine, au milieu d’eux.

Cette scène – et peut-être même juste cette scène – vaut à elle seule le détour.

Alors qu’il avait vu le Crucifié sur sa croix – c’est lui-même qui était chargé de l’exécution – Clavius est foudroyé à la vue du Ressuscité.

Ce qu’il appréhendait depuis le début, ce qu’il souhaitait être faux, Clavius doit l’admettre.

Il voit les plaies aux mains de ses propres yeux, mais sa raison est subjuguée. Il en restera tétanisé, incapable de bouger, saisi, au plus profond de lui-même. Ce qu’il appréhendait depuis le début, ce qu’il souhaitait être faux, il doit l’admettre : Jésus est vraiment ressuscité!

C’est là que son monde s’écroulera. Son monde romain. Son monde païen. Rien, désormais, ne sera plus comme avant. Sa recherche aura été longue, ardue, poussiéreuse, décevante, pleine d’embûches. Et toute cette quête se verra anéantie (ou récompensée?) par la simple vue, la simple rencontre, le simple face à face avec le Ressuscité.

Clavius expérimente ce que bon nombre de païens, d’athées ou d’agnostiques risquent de vivre un jour ou l’autre : LA rencontre qui fait défaillir toutes les certitudes.

Certains ont vécu ce face à face avec le « Corps du Christ », ce petit bout de pain, au cours d’une messe, alors qu’ils ne s’y attendaient pas, alors qu’ils y allaient machinalement depuis des années… Et soudainement, bang! La saisie. La rencontre.

Allez en Galilée

Jésus disparaitra devant Clavius, il ne sera plus « au milieu d’eux », comme dit l’Écriture, et les apôtres devront fuir Jérusalem pour Le retrouver en Galilée. Clavius suivra, car il ne peut plus vivre, ni même respirer comme avant. Il veut des réponses.

Une autre scène est remarquable. Celle de la rencontre en Galilée. Je dois avouer que j’en ai eu les larmes aux yeux…

Il faut voir les apôtres devenir totalement fous de joie à la vue de Jésus, marchant sur la plage. Quand ils finissent par le reconnaître, ils se mettent à hurler. Ils courent vers lui, se jettent à l’eau, se prosternent à ses pieds, l’enlacent violemment, puis tendrement, pleurent sur lui, le cajolent… J’y étais moi aussi!

Et en retrait, un regard qui nous transperce : Clavius qui n’ose pas, qui se retient, qui se demande encore s’il n’a pas la berlue, s’il n’est pas en train de devenir, lui aussi, au grand dam de son rationalisme… un illuminé!

Il représente, lui seul, combien d’hommes et de femmes qui, même devant la vérité crue exposée devant leurs yeux, refusent de croire… et à qui il faut laisser le temps d’intégrer, de vivre et de digérer tout ça.

Plus tard, pendant la nuit, Clavius osera enfin – car il n’en peut plus, j’imagine – s’approcher de Jésus, et il s’assoira à ses côtés en silence. Un peu comme un chrétien fait quand il prie. C’est une scène très troublante, je dirais, car Jésus met le doigt, en ne disant que l’essentiel, sur ce qui fait vivre Clavius, sur son grand désir de sens. Il touche le cœur de son être.

Des témoins ordinaires

Somme toute, même avec ses petites imperfections, ce film nous donne le plaisir de vivre un peu les moments qui ont suivi la résurrection du Christ ; peu de films mettent en scène les Actes de apôtres.

Il nous fait gouter un brin de l’expérience extraordinaire qu’ont vécu des hommes et des femmes ordinaires.

Pour un païen, c’est la rencontre du Ressuscité. Pour les tout premiers disciples, ses amis, ceux qui l’avaient abandonné, c’est l’éblouissante réalité d’une Espérance qui dépasse tout entendement.

On se surprend à rêver, l’espace d’un instant… Ah! Qu’est-ce que j’aurais aimé y être moi aussi!

Brigitte Bédard

D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.