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Photo: Kira auf der Heide/Unsplash

Joyeuses fêtes… païennes!

Les traditions de Noël intègrent divers éléments christianisés avec le temps qui trouvent leurs origines dans les fêtes païennes de la Rome antique.

Nous voici bientôt dans cette période des fêtes où, après de longs mois de travail ou d’étude, on pourra bénéficier de quelques jours de repos bien mérité.

C’est aussi un moment attendu avec impatience pour revoir des proches. Bien évidemment, nous aurons quelques étrennes pour eux.

Or, comble d’horreur pour plusieurs (dont moi-même), les cadeaux impliquent parfois un bain de foule dans les centres commerciaux.

Dieu bénisse l’inventeur du commerce en ligne!

Mais, au fait, pourquoi s’échange-t-on des cadeaux à Noël ?

Noël chez les Romains

Cette tradition d’échange lors des fêtes de fin d’année précède en elle-même la fête de Noël.

En effet, lors des Saturnales, une fête païenne romaine, il était coutume de s’échanger des cadeaux et de placer des feuilles de gui ou de houx dans les maisons. L’embrassade sous le gui en signe de bon présage amoureux remonte également à cette époque.

La tradition ne nous dit pas, cependant, si les Romains aussi avaient des matantes au bec à pincettes qu’ils essayaient désespérément d’éviter…

La tradition ne nous dit pas, cependant, si les Romains aussi avaient des matantes au bec à pincettes qu’ils essayaient désespérément d’éviter…

Les Romains échangeaient surtout des petites figurines en terre cuite ou en cire. Quant à la symbolique derrière ce geste, il faut y voir un lien avec l’idée de renouveau. Les figurines deviennent en quelque sorte le prolongement du donateur et en représentent le mouvement cyclique dans le cosmos.

La fête des Saturnales, qui s’étendaient sur plusieurs jours autour du 21 décembre, marquait le début de l’année romaine. Le couronnement de ces festivités était la fête dite Dies Natalis Solis Invicti (le jour de naissance du soleil invaincu) célébrée le 25 décembre.

Puisque la fête coïncide plus ou moins avec le moment exact où les journées commencent à allonger de nouveau, sa connotation est très positive: elle commémore la victoire de la lumière sur les ténèbres.

À propos de la date de Noël

En 313, avec la christianisation officielle de l’Empire par Constantin, il n’est évidemment plus question de continuer à célébrer les fêtes païennes. Les Romains délaissent le culte rendu au soleil au profit du Christ.

D’un point de vue strictement historique, nous savons hors de tout doute que le Christ a existé, donc qu’il est bel et bien né.

D’un point de vue strictement historique, sans entrer dans le domaine de la foi, nous savons hors de tout doute que le Christ a existé, donc qu’il est bel et bien né.

Cependant, comme beaucoup d’autres personnages historiques anciens dont l’existence réelle est certaine, nous n’avons aucune preuve irréfutable du jour exact de sa naissance.

Bien que les chrétiens célébraient déjà la Nativité, ce n’est qu’en 336 que la fête est officiellement instituée. En somme, l’Église promulgue officiellement une date fixe pour Noël au calendrier liturgique, confirmant une pratique préexistante.

À défaut de savoir le jour exact de la naissance du Christ, le calendrier liturgique est cohérent.

En effet, Noël tombe neuf mois exactement après la fête de l’Annonciation le 25 mars, et ce, en raison d’informations déduites à partir des textes bibliques.

Ce qui nous permet de penser que, selon la Bible, la Nativité aurait réellement eu lieu vers la fin décembre.

Et les païens dans tout ça ?

Il ne faut pas nier, par ailleurs, que les païens, habitués à une fête solaire, allaient apprécier la naissance de celui qui affirme être la lumière du monde (Jn 8, 12).

Que la fête de la Nativité tombe environ au moment du solstice d’hiver vient renforcer cette symbolique de la lumière et de l’espérance que le Christ manifeste lors de sa naissance.

Que la fête de la Nativité tombe environ au moment du solstice d’hiver vient renforcer cette symbolique de la lumière et de l’espérance que le Christ manifeste lors de sa naissance.

Ajoutons que le Christ, tout comme le Sol Invictus, descend dans les ténèbres et revient, puisqu’il ressuscite.

Et les cadeaux !

En ce qui concerne nos fameux cadeaux de Noël, on poursuivra la tradition romaine.

L’Église la présentera comme un rappel de l’épisode des Rois Mages venus d’Orient avec leur présent. Le tout est mentionné dans l’évangile de Mathieu: «Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe » (2, 11).

À travers les époques et les régions, les cadeaux seront tantôt offerts lors de la fête des Rois, le 6 janvier, tantôt le jour de Noël.

La fête de Noël est intrinsèquement chrétienne, puisqu’il s’agit avant tout de la commémoration de la naissance du Christ.

Il suffit de regarder une crèche pour le réaliser facilement.

À ce propos, le pape François vient de publier une lettre apostolique expliquant la signification de la crèche.

Cependant, les traditions de Noël intègrent divers éléments christianisés avec le temps qui trouvent leurs origines dans la fête païenne du Sol Invictus, tels que l’échange de cadeaux et le choix de la date du 25 décembre.

En vous souhaitant à tous un très joyeux Noël!


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Emmanuel Lamontagne

Emmanuel est historien de l'art et de l'architecture. Il se spécialise en iconographie et en architecture religieuse. Il travaille présentement dans le domaine de la conservation du patrimoine bâti.