On a eu l’idée de présenter ici quelques églises méconnues qui valent le détour. Pour notre premier arrêt : la haute-ville de Québec.
Comme je vous le mentionnais cet été dans ma chronique sur les origines de la dévotion à sainte Anne, le tourisme religieux est en croissante augmentation au Québec. De plus en plus de pèlerins et de curieux viennent de l’extérieur pour venir visiter nos principaux sanctuaires. Mais est-ce que nous, qui vivons ici, connaissons vraiment nos églises en dehors de ces sanctuaires majeurs ?
Je vous propose de jouer aux touristes chez nous par le biais d’une série de chroniques ayant pour but de vous faire découvrir certaines églises d’intérêt étant en dehors des sentiers battus par l’industrie touristique. Commençons donc avec quelques églises et chapelles méconnues de la haute-ville de Québec.
L’Oratoire Saint-Joseph de Québec
Vue de l’extérieure cette petite chapelle des sœurs de Saint-Joseph semble plutôt ordinaire. Son architecture néoromane est peu élaborée.
Cependant, comme le dit l’expression célèbre, l’habit ne fait pas le moine (ou la sœur dans notre cas!). Le véritable trésor se trouve à l’intérieur.
L’ensemble des toiles ornant le plafond et les murs de la chapelle, ainsi que les fresques en céramique et l’autel, ont été réalisées par Guido Nincheri (1885-1973). Si le nom vous évoque quelque chose, c’est fort probablement à cause de sa fresque comportant un portrait de Benito Mussolini à cheval qui est visible à l’église Notre-Dame-de-la-Défense dans la petite Italie à Montréal. Pour la petite histoire, il s’agissait d’une commande de la paroisse pour commémorer les accords du Latran de 1929 qui ont mené à la création de l’État du Vatican.
Le « Duce » n’est évidemment pas visible à Québec, mais vous trouverez un cycle narratif complet sur la vie de Joseph. C’est une chance pour les gens de Québec que d’avoir accès à cet ensemble puisque Nincheri a surtout œuvré dans la grande région de Montréal. Au-delà de la controverse pendant la guerre, Nincheri est avant tout un artiste de grand talent qui gagne à être connu.
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Église grecque orthodoxe de l’Annonciation
Il est fort possible que vous n’ayez jamais remarqué cette église même si vous vivez à Québec depuis des années! Il faut dire qu’elle est aménagée dans une ancienne maison bourgeoise et que de l’extérieure outre un petit panneau indicatif affichant l’horaire des célébrations rien n’est visible au niveau des yeux.
Une croix a bel et bien été ajoutée sur le toit de la maison, mais rien de tapageur, tout est en discrétion. C’est donc encore une fois à l’intérieur que se trouve tout l’intérêt. Puisque l’église de l’Annonciation dessert une communauté de confession orthodoxe, l’espace est aménagé différemment des autres églises de Québec.
La première chose que l’on remarque est l’importante iconostase (un mur couvert d’icônes) et les saintes portes qui séparent la bêma (le sanctuaire) du naos (la nef). L’ensemble vaut définitivement le détour pour tous les amateurs d’icônes!
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La chapelle des Augustines
Beaucoup moins connue que sa consœur des Ursulines, qui abrite le tombeau de sainte Marie de l’Incarnation, la chapelle des Augustines est sans conteste l’un des endroits à la plus haute valeur patrimoniale de Québec.
Bien que construite pendant le régime britannique, en 1839, l’architecture et le volume de la chapelle sont en continuité complète avec les églises et chapelles du régime français. La nef centrale est surmontée par une voute en anse de panier typiquement française.
Au niveau architectural, il s’agit d’une rareté, puisque c’est l’une des deux églises québécoises dotées d’un transept à pans coupés. C’est fort possible que cela ne vous dise rien… mais pour les historiens de l’art et de l’architecture comme moi, ce détail en fait un petit trésor en soi !
Le décor intérieur, tout en blanc et en dorures, a été réalisé par Thomas Baillargé (1791-1859). L’ensemble est un excellent exemple de l’esthétique néoclassique développé par Baillargé.
En somme, si vous voulez voir un ensemble liturgique typique de cet important architecte québécois aller faire un tour à la chapelle des Augustines! En prime vous pourrez admirer près d’une vingtaine de tableaux de peintres québécois datant de la fin du XVIIe siècle à la première moitié du XIXe siècle.
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Église Saint Dominique
Cette petite église doit sa place dans cette liste au fait qu’elle est l’une des rares églises catholiques de Québec de style néogothique.
L’intérieur du bâtiment est particulièrement intéressant avec ses voutes à charpente au style tout britannique. La charpente et le décor sculpté en bois de chêne et de tilleul par Lauréat Vallière (1888-1973) contrastent grandement avec les murs en pierres. Cette variation des matériaux donne une ambiance toute médiévale au lieu! Tout comme les nombreuses stalles du chœur, qui étaient jadis occupées par les moines dominicains à la tête de la paroisse.
L’ensemble offre aux gens de Québec un rare exemple d’un cœur d’église abbatiale. À l’origine l’église était jouxtée par un couvent, malheureusement détruit aujourd’hui pour faire place à la nouvelle aile du MNBAQ. Ce qui est quand même un comble considérant tout l’espace vacant qui était disponible à l’arrière du musée…
En terminant, un petit conseil, si l’envie de visiter l’un de ces lieux vous prend suite à la lecture de cette chronique, je vous suggère fortement de vous renseigner sur les heures d’ouverture des diverses églises et chapelles avant de vous déplacer. Puisqu’il ne s’agit pas de lieux hautement touristiques, certains ne sont pas ouverts aux visiteurs tous les jours!
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