Photo : Aidan Monaghan : © Paramount Pictures : Courtoisie Everett Collection

Gladiator 2 en amoureux

Mon mari et moi, on est allé voir Gladiator 2. En amoureux. Mais disons que nous n’avions pas tout à fait les mêmes motivations. Lui, c’était pour l’action, moi pour l’amour et le drame. Heureusement, comme dans bien d’autres choses, on a fini par s’entendre sur l’essentiel. Appréciations d’un gars et d’une fille sur cette suite épique tant attendue.

En bonne romantique, j’allais voir ce film pour tout savoir sur Lucius (Paul Mescal), fils de Lucilla (Connie Nielsen). Qu’était-il devenu seize ans plus tard ? La bande-annonce laissait entendre qu’il était le fils de Maximus. On s’en doutait, à la fin du premier opus, mais rien n’était si sûr… Jusqu’à ce que je tombe sur une critique qui, dans son résumé, l’écrit noir sur blanc : Lucius « le fils d’un célèbre gladiateur ». Et voilà mon bel enthousiasme victime d’un divulgâcheur !

Tout ça jette de l’ombre sur mon beau Maximus. Avait-il été infidèle à sa femme ? Ou bien l’aventure était-elle survenue avant son mariage ? Peu importe, la fille avide de romantisme en moi est déçue. 

Un contenant rutilant…

L’indignation qui m’ébranle âme et entrailles ne semble faire ni chaud ni froid à l’époux assis à mes côtés. Fébrile, il dévore déjà son popcorn en souriant. Comme je le disais, nous n’allions pas voir ce film pour les mêmes raisons, de toute évidence. Lui, ce qui l’intéresse, me dit-il, c’est surtout la naumachie.

– La quoi ?
– La naumachie. Le jeu qui représente le combat naval dans un amphithéâtre. Et là, c’est dans le Colisée de Rome ! On l’a vu dans la bande-annonce.
– Ah bon. Toi, ce sont les effets spéciaux qui t’intéressent ?
– Pas que. Il y a aussi les combats à l’épée et les jeux de pouvoir en coulisse, tu comprends ?

Question combat, action, et « naumachose », on a été servi. Des scènes spectaculaires, un mouvement de caméra techniquement parfait, des décors et des costumes époustouflants. On a même eu droit à de violents combats à mains nues et à des requins dans l’eau du Colisée ! Bref. On ne s’est ennuyé aucune des 148 minutes de l’opus.

… mais un contenu convenu

Je reste toutefois sur ma faim. Quelle est la morale de l’histoire ? Qu’est-ce qu’on retient de tout ça ? Qu’est-ce qui me reste dans le cœur ? Le drame qui se jouait dans le premier film et l’intensité d’un Maximus me manquent. Et le « méchant » de service, Macrinus (Denzel Washington), frise la caricature. Rien à voir avec le froid qui me traversait le dos à chaque entrée en scène de Commode (Joaquim Phoenix). Bref, côté psychologie des personnages, drame humain et amour romantique, c’est faible.

Et question scénario, c’est un peu facile. Comme un déjà-vu… Ce fils, Lucius, qui se réconcilie avec son passé, qui retrouve sa vraie identité, qui décide de revêtir l’armure de son père – pour vrai – pour rétablir la paix dans le royaume… Ça ressemble au Roi Lion, non ?

Un peu de sagesse en filigrane ?

Lucius vit sur sa ferme avec sa femme Arishat en Numidie (Afrique du Nord), alors sous domination romaine. Il file le parfait bonheur à simplement travailler la terre et à besogner autour de la maison avec elle.

Le bonheur, il est là, là où l’avait trouvé son père avant lui, au milieu des champs de blé, loin du pouvoir, de la gloire et du faste de Rome. Même le général Acacius (Pedro Pascal), lorsqu’il rentre d’un combat, visiblement écœuré par la soif insatiable des empereurs pervertis de Rome, ne désire plus qu’une chose : retrouver « sa Lady », la paix et le repos.

La force et l’honneur, éléments centraux du premier film, sont toujours là, mais on pourrait y ajouter cette fois la famille, la patrie et la foi. Car il y a bien une histoire de conversion au fin fond de tout ça. L’histoire d’un homme qui embrasse sa mission, et, on pourrait même dire, qui prend sa croix en renonçant à lui-même, à ses rêves, à son confort et à son rang pour une cause beaucoup plus grande, plus noble, que la petite vengeance personnelle qui l’avait motivé au départ. Il y a quelque chose de profondément chrétien dans ce parcours finalement. Belle surprise !

Inspirés par les mages, aidez-nous par un présent à rejoindre tous les chercheurs de sens.

Brigitte Bédard

D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.