heureux
Photo: Myke Simon/Unsplash

8 films pour 8 béatitudes

Les béatitudes regroupent tellement de dispositions diverses qu’il m’a semblé, en dressant cette liste, que plusieurs films résonnaient avec chaque béatitude, et inversement. Les œuvres choisies se démarquent en définitive par leur qualité cinématographique, et souvent aussi par la représentation d’une quête de vertu et l’expérience d’immenses souffrances. Si la montée en popularité de drames sordides et de films d’horreur dévoile un certain désintérêt pour la vie morale au cinéma, ces huit longs-métrages sont au contraire l’expression sophistiquée d’un monde où le bien et le mal s’opposent avec ambigüité et douleur. Ils ont tous un je-ne-sais-quoi – parfois un je-sais-quoi – qui nous signale une authentique recherche de vérité, de charité, d’amour.

Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des Cieux est à eux

Ce film de 2020, un tour de force visuel, fait vivre au spectateur la réalité d’un homme atteint d’une dégénérescence mentale. Certains acteurs jouent plusieurs rôles, un choix qui évoque l’expérience vécue de ne plus reconnaitre les gens autour de soi. L’effet est percutant: plutôt que d’être en position de voyeur par rapport à la personne malade, nous avons l’occasion de vivre ses inquiétudes et ses confusions. Ses réactions surprenantes et parfois sévères sont tout à coup plus faciles à comprendre. Si l’histoire ne concerne pas la foi, elle nous offre tout de même une perspective saisissante sur l’une des pauvretés de l’esprit les plus communes à notre époque, qui peut nous encourager dans nos élans de charité envers les personnes âgées de nos sociétés.

Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés

Riley est une jeune fille de 11 ans qui déménage avec ses parents depuis le Minnesota jusqu’à San Francisco. Le film se déroule principalement dans sa tête, littéralement, depuis la tour de contrôle de ses émotions. À la suite de ce grand changement dans une vie, Tristesse prend le dessus sur les activités émotives, alors que Riley montre des signes de dépression. Un tableau touchant et accessible sur les émotions humaines, pour toute la famille, Sens dessus dessous, par Disney, reprend de façon créative et colorée l’idée derrière la deuxième béatitude, nous rappelant que le Seigneur ne rejette pas nos faiblesses, mais qu’il nous console.

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage

Monsieur Vincent est un classique du cinéma chrétien. On y suit la vie de saint Vincent de Paul, depuis son arrivée comme curé dans une paroisse assaillie par la peste jusqu’à la fin de ses jours. Son dévouement inégalé envers les pauvres est posé en contraste avec sa relation avec les plus riches, alors qu’il cherche à mettre à profit leur désir d’être charitables, mais doit composer avec leurs résistances devant les laideurs de la pauvreté. Bien que la douceur de saint Vincent soit mêlée à l’occasion de saintes colères, sa persévérance dans le soin des pauvres, souvent contre les attentes du monde, ont exercé une sainte influence sur l’Église.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés

Un classique du cinéma américain, Douze hommes en colère met en scène un jury chargé de déterminer la culpabilité ou l’innocence d’un jeune homme accusé du meurtre de son père. Au départ, tous sont prêts à admettre qu’il a bien commis le crime dont il est accusé, à l’exception du juré numéro 8. Ce dernier devient ainsi le catalyseur d’une discussion moralement chargée sur le rôle du jury et sur les implications des conditions sociales dans lesquelles chacun a évolué. Un film qui représente à la fois l’inconfort et la nécessité de la délibération morale, et qui fait appel au sens de la justice des spectateurs.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde

Après la fin de l’apartheid sud-africain, les tensions entre les personnes blanches et les personnes noires sont à leur paroxysme. L’accueil de la coupe du monde de rugby à XV de 1995 est le lieu d’une première tentative de dénouement à cet égard par Nelson Mandela, récemment devenu président. De part et d’autre, une démarche de pardon est nécessaire, et le célèbre militant devenu politicien compte l’obtenir pour chacune des parties de la population. Invictus est un film émouvant qui montre l’ampleur des efforts de réconciliation voulus par Nelson Mandela, qui a vu la valeur primordiale du pardon pour l’avenir de son peuple.


Cet article est tiré de notre numéro spécial BÉATITUDES. Abonnez-vous gratuitement en cliquant sur la bannière.

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu

Adapté au grand écran pour la septième fois, ce classique de la littérature américaine raconte la vie des quatre filles du docteur March, qui ont entre 12 et 16 ans. Cette époque de leur vie est marquée par plusieurs moments décisifs quant à leurs talents respectifs, leurs premières rencontres avec des jeunes hommes ou leurs contacts répétés avec les plus démunis. Si le roman est un récit éducatif à bien des égards, l’adaptation au cinéma par Greta Gerwig met en lumière la vivacité des émotions vécues au sein de la sororité et dévoile authentiquement les personnages dans leurs tentations, toujours retenues par des cœurs réellement purs.

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu

Une vie cachée, de Terrence Malick, présente un regard sur la vie d’un objecteur de conscience autrichien ayant réellement vécu durant la Seconde Guerre mondiale. Humble fermier, catholique fervent, Franz Jägerstätter mène une vie tranquille avec son épouse et ses trois filles avant d’être appelé au combat. On lui demande de prêter allégeance au Führer, Adolf Hitler, ainsi qu’au Troisième Reich. Ce film, aussi contemplatif que captivant par la représentation authentique d’une tension morale grave, illustre d’un mouvement le cheminement du protagoniste et la quête d’une paix universelle durable.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux

Toujours basé sur des faits réels, ce film de Jim Sheridan illustre le sort de deux des Quatre de Guildford, faussement accusés d’avoir pris part à des attentats terroristes commis par l’IRA au Royaume-Uni. Un fils indiscipliné et son père sont ainsi reconnus coupables et emprisonnés pour ce crime qu’ils n’ont pas commis. Le long-métrage aborde des enjeux moraux, et aussi la brutalité subie par les deux protagonistes au cours de cette sombre aventure.

Isabelle Gagnon

Doctorante en lettres à l’Université du Québec à Rimouski, Isabelle étudie les littératures de langue française et celles de l'Antiquité classique. Épouse et mère, elle s'émerveille devant les réalités du quotidien autant que devant les illustres récits et poèmes du passé.