La série Le Seigneur des anneaux: les Anneaux de pouvoir a déjà fait couler beaucoup d’encre. À la sortie des premiers épisodes de la série, le 1er septembre dernier, les avis étaient partagés. Plusieurs critiques en ont fait l’éloge, soulignant quel grand hommage elle fait à Tolkien, alors que d’autres ont trouvé la série sans âme, et l’univers de Tolkien, défiguré.
L’ensemble des récits contenus dans la série concernent le retour du mal sur la Terre du Milieu durant le Second Âge, c’est-à-dire bien longtemps avant les événements présentés dans les œuvres les mieux connues de Tolkien. Nous suivons l’elfe Galadriel dans son désir de venger son frère et de défendre la Terre du Milieu ainsi que de nombreux autres personnages, certains plus humbles comme les Harfoots, un peuple hobbitesque et nomade, et d’autres moins, comme les elfes politiciens et les peuples humains vivant dans les Southlands.
Étant une adepte des livres et des films du Seigneur des Anneaux ainsi que du Hobbit, j’avais à la fois un grand intérêt pour la série et une dose de méfiance. Après l’écoute des quatre premiers épisodes, je demeure partagée.
Dialogues ratés
On ne peut nier que l’esthétique mise de l’avant par les créateurs de la série est éblouissante. Beaucoup de détails dans les costumes et les décors montrent un réel souci d’exactitude dans la représentation de l’univers de Tolkien. De même, la nature, un élément qui a tant de poids chez Tolkien, est traitée avec une grande révérence par les personnages, autant les arbres par les elfes que la pierre des montagnes par les nains.
Cela étant dit, les dialogues ratent leur cible. Puisque c’est la première production qui tente un dialogue entièrement original dans ce contexte fictionnel, on retrouve une pâle imitation du dialogue à la fois léger, voire comique, et profondément vrai de Tolkien.
Certaines répliques, tentant sans succès d’être empreintes de sagesse – « Tu n’as pas vu ce que moi, j’ai vu. » – même jouées avec intensité, n’arrivent pas à la cheville ni de l’éloquence ni de la profondeur des dialogues de Tolkien. La même chose peut être dite pour le déroulement des (trop) nombreuses aventures : elles n’ont pas le rythme captivant du Seigneur des anneaux ou du Hobbit. On peut toutefois accorder aux créateurs que le format même de la série exige un peu un ralentissement des péripéties.
Une nouvelle création
Les créateurs de la série avaient certainement un défi monumental devant eux. Je me suis dit à certains moments que, si la série n’avait pas été basée sur Tolkien, que si elle était née comme une création entièrement nouvelle, je l’aimerais beaucoup plus. Il y a vraiment du bon dans la série, mais dès que je repense au génie original derrière cet univers, vraisemblablement mis de côté, la nostalgie me gagne.
Une façon plus optimiste de voir la chose est de tenter de libérer la série de ses origines, justement, et de l’apprécier pour elle-même. Plusieurs personnages sont dignes d’intérêt et portent une fermeté de caractère intrigante. L’elfe Arrondir en fait partie. Il a une noblesse d’action et de parole qui se démarque certainement. Nori, qui fait partie du groupe de petits êtres nomades nommés les Harfoots, a également une personnalité amusante et rebelle, comme les hobbits que nous connaissons.
La relation de tension et d’amitié entre le grand Elrond et le prince nain Durin IV m’a également charmée, me replongeant dans les tensions amicales de Légolas et de Gimli, rencontrés dans Le Seigneur des Anneaux.
Exit le christianisme
Le bémol fondamental que l’on peut trouver à cette série réside dans l’absence de la foi catholique, alors qu’elle sous-tend toute l’œuvre de Tolkien.
L’immense génie de l’auteur a, en effet, intégré dans ses récits des éléments de la spiritualité catholique de façon quasi imperceptible. Et pourtant, la foi y reste bien présente: dans la profondeur de la quête du bien contre le mal, dans la reconnaissance et le pardon des imperfections des uns comme des autres ainsi que dans le don de soi illustré chez ses personnages avec une telle sagesse et une grande simplicité. Ces derniers atteignent l’impossible dans l’espoir qu’il y ait un peu de bonté en leur monde.
En somme, bien qu’on puisse apprécier la qualité des costumes, des décors et de la trame narrative des Anneaux de pouvoir, on n’y retrouve malheureusement pas les racines catholiques de Tolkien ni son génie d’écriture.
Je vais sans doute continuer à regarder la série, en appréciant sa beauté visuelle et ses personnages parfois bien intéressants, mais je vais plus encore m’appliquer à chérir le travail unique de Tolkien en sachant qu’il ne sera jamais répété tout à fait.